M. Macron a décidé de renforcer « temporairement » la présence militaire française en Méditerranée orientale

Depuis quelques jours, la Méditerranée orientale [MEDOR] connaît un regain de tensions après l’envoi par la Turquie, et sous bonne escorte militaire, des navires de prospection d’hydrocarbures Oruç Reis et Barbaros Hayredin, respectivement dans une zone située entre la Crète [sud de la Grèce] et la République de Chypre et dans la zone économique exclusive [ZEE] chypriote.

Cette décision a été prise après que l’Égypte et la Grèce ont signé un accord sur leurs frontières maritimes dans le cadre de leurs projets d’exploiter les réserves de gaz naturel que recèlerait la Méditerranée orientale. Un accord qui, pour le président turc, Recep Tayyip Erdogan, « n’a aucune valeur ». D’autant plus qu’il contredit celui signé par Ankara et le gouvernement d’union nationale libyen [GNA], dont la légitimité est « relative », comme l’a souligné Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, lors d’une récente audition au Sénat.

Quoi qu’il en soit, les activités de prospection turques inquiètent la Grèce et la République de Chypre [membres de l’Union européenne] étant donné qu’elles concernent leurs domaines maritimes respectifs. Et, le 10 août, le ministère grec des Affaires étrangères a dénoncé une « nouvelle escalade grave » qui « montrait le rôle déstabilisant » de la Turquie. Et de prévenir : Athènes « n’acceptera aucun chantage » et « défendra sa souveraineté et ses droits souverains. » D’après la presse locale, les permissions des militaires grecs ont été annulées.

Et, selon des informations diffusées via les réseaux sociaux, mais non confirmées officiellement, la frégate grecque Limnos serait entrée en collision avec la frégate turque Kemal Reis, qui fait partie de l’escorte du navire de prospection Oruç Reis.

Quoi qu’il en soit, et alors que, lors de son discours prononcé à l’Hôtel de Brienne le 13 juillet dernier, il avait appelé les Européens à tenir leur rôle en Méditerranée car « nous ne pouvons accepter que notre avenir soit construit par d’autres puissances », le président Macron a annoncé le renforcement « temporaire » de la présence militaire française dans la région, à l’issue d’un entretien téléphonique avec Kyriakos Mitsotakis, le Premier ministre grec.

En effet, dans la soirée du 12 août, l’Élysée a publié un communiqué indiquant que, lors de cet échange, le président Macron a « fait part de sa préoccupation au sujet des tensions provoquées par les décisions unilatérales de la Turquie en matière d’exploration pétrolière, qui doivent cesser pour permettre un dialogue apaisé entre pays voisins et alliés au sein de l’Otan » et « rappelé la nécessaire solidarité de la France et de l’Union européenne envers tout Etat membre dont la souveraineté viendrait à être contestée. »

Tout en « rappelant l’importance de régler les différends actuels par le dialogue », M. Macron a donc décidé « de renforcer temporairement la présence militaire française en Méditerranée orientale dans les prochains jours, en coopération avec les partenaires européens, dont la Grèce. » Et cela afin de « mieux apprécier la situation dans cette région de la Méditerranée » et de « marquer sa volonté de faire respecter le droit international. »

Déjà, le 11 août, la présence de deux Rafale B de la 4e Escadre de Chasse a été signalée à l’aéroport « Andreas Papandreou », près de la ville de Paphos, située dans le sud de Chypre. Ces deux appareils, a priori « projetés » dans la région depuis la base aérienne de Saint-Dizier [et non, comme on pouvait le penser, de la base aérienne projetée en Jordanie, où des Rafale B sont engagés dans l’opération Chammal, ndlr], et avec l’appui d’un avion ravitailleur C-135FR, ont participé à un exercice. Leur appartenance aux Forces aériennes stratégiques ainsi que la mission qu’ils ont effectuée constituent un message fort adressé à Ankara.

Si l’Élysée n’a pas précisé la nature des moyens militaires appelés à être déployés en Méditerranée orientale, le ministère des Armées vient d’en donner le détail, ce 13 août, en confirmant, d’ailleurs, la présence des deux Rafale B à Chypre.

« Dans l’immédiat, au plan aérien, ce renforcement temporaire s’appuiera d’abord sur une étape à La Sude, en Crète, le jeudi 13 août, de deux Rafale précédemment déployés à Chypre du 10 au 12 août pour un exercice », a en effet indiqué le ministère des Armées.

« Au plan naval […], le Porte-hélicoptères amphibie [PHA] Tonnerre, en route pour porter assistance aux Libanais, a été rejoint cette nuit par la frégate La Fayette, qui a appareillé de Larnaca et a réalisé un exercice à la mer avec la marine grecque », a-t-il ensuite ajouté.

Et de conclure : « Cette présence militaire a pour but de renforcer l’appréciation autonome de la situation et d’affirmer l’attachement de la France à la libre circulation, à la sécurité de la navigation maritime en Méditerranée et au respect du droit international. »

Pour rappel, la France a maintenu une présence militaire [très] importante en Méditerranée orientale en février dernier, avec le déploiement du groupe aéronaval [GAN] formé autour du porte-avions Charles de Gaulle. Ce qui fut l’occasion de mener des exercices, notamment à Chypre.

Photo : État-major des armées

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