La Russie veut accélérer la mise en service de son drone de combat furtif Su-70 « Okhotnik-B »

Durant l’automne 2018, il fut rapporté que le drone de combat furtif [UCAV] Su-70 « Okhotnik-B », développé par Sukhoï, filiale du groupe UAC, venait d’entamer ses essais au sol. Ce que des photographies diffusées quelques semaines plus tard confirmèrent.

Puis, en août 2019, le ministère russe de la Défense annonça que l’appareil venait d’effectuer son vol inaugural, d’une durée de 20 minutes, à l’altitude d’environ 600 mètres. Après ces premiers tours de piste, le Su-70 vola en formation avec un Su-57 « Felon », l’avion de combat furtif également développé par Sukhoï.

À l’époque, Moscou avait expliqué que le drone devait permettre « d’élargir le champ radar » des avions devant l’accompagner, c’est à dire que sa mission consisterait à désigner des cibles aux missiles longue portée du Su-57 afin d’éviter à ce dernier d’opérer dans un environnement contesté. Et cela à partir de 2025, c’est à dire une fois que serait lancée la production en série du Su-70.

Depuis, les nouvelles des essais de ce drone de combat se font rares… Mais d’après Youri Slyusar, le directeur général d’UAC, le ministère russe de la Défense entend accélérer le calendrier de sa mise en service.

« Nous avons reçu une mission du ministère de la Défense pour accélérer le travail de conception expérimentale et ajuster au maximum le calendrier afin de commencer les livraisons dès 2024. C’est pourquoi, nous travaillons activement avec nos collègues sur cette question », a en effet déclaré M. Slyusar, le 3 août.

Le Su-70 est « un drone lourd d’attaque aux capacités sans précédent, avec un grand rayon d’action ainsi qu’avec une large gamme d’armes et d’équipements », a fait valoir le directeur d’UAC. Des drones de cette classe « ne sont conçus et fabriqués que par deux pays : les États-Unis et la Chine », a-t-il ajouté.

Selon les données disponibles, le Su-70 aurait une envergure de 20 mètres pour une longueur de 14 mètres. D’une masse au décollage de 20 tonnes, il est prévu qu’il soit capable de voler à la vitesse de 1.000 km/h, pour une distance franchissable de 6.000 km. Doté de deux soutes, il pourrait emporter jusqu’à 2,8 tonnes de munitions.

Cela étant, il n’existe pour le moment qu’à l’état de prototype. Et sa furtivité n’est apparemment pas totale dans la mesure où la tuyère de son turboréacteur à double flux Saturn AL-31 reste visible, contrairement aux démonstrateurs de combat européens [nEUROn de Dassault Aviation et Taranis de BAE Systems] et américains [X-47B de Northrop].

Quoi qu’il en soit, Moscou entend donc hâter la mise en service du Su-70, tout comme celle du Su-57 Felon, commandé à 76 exemplaires et dont la production en série a commencé. Et les forces russes pourraient ainsi damer le pion à leurs homologues américaines, qui semblaient pourtant avoir un temps d’avance en matière de drones de combat furtifs.

En effet, l’US Navy avait lancé le programme UCLASS [Unmanned Carrier-Launched Surveillance and Strike], pour lequel Northrop Grumman conçut le X-47B. Finalement, et malgré plusieurs premières mondiales [catapultage et appontage sur un porte-avions, ravitaillement en vol], il fut abandonné au profit du projet CBARS, consistant à mettre au point un drone ravitailleur [MQ-25 Stingray, confié à Boeing, ndlr]. Pour la marine américaine, la furtivité du F-35C rendait moins pertinent le développement d’un UCAV.

Quant à l’US Air Force, elle mise sur le concept de « Loyal Wingman », c’est à dire un drone pouvant voler sois en formation avec des chasseurs-bombardiers, soit en essaim, sans pour autant avoir toutes les caractéristiques d’un appareil furtif [programme « Low-Cost Attritable Strike Unmanned Aerial System Demonstration » – LCASD].

Cela étant, le 6 août, le 53e Groupe de test et d’évaluation de l’US Air Force a indiqué qu’il venait de mener des expérimentations avec une vieille connaissance : le RQ-170 Sentinel, dont un exemplaire fut perdu en décembre 2011 en Iran.

Surnommé la « bête de Kandahar » [puisque c’est en Afghanistan qu’il fut photographié la première fois, en 2009], une de ces appareils, mis en oeuvre par le 44th Reconnaissance Squadron, a en effet participé à un exercice de suppression des défenses adverses ennemies [SEAD pour Suppression of Enemy Air Defences / Suppression des défenses aériennes ennemies], aux côtés d’avions B-2 « Spirit » [bombardement stratégique], F-35A, F-22A Raptor, et F-15E. Un avion de guerre électronique EA-18G « Growler » de l’US Navy a également été convié à ces manoeuvres, dont l’enjeu était de mettre au point et de valider de nouvelles tactiques.

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