Explosion du port de Beyrouth : Des militaires de l’UIISC n°1 envoyés au Liban

Déjà aux prises avec une crise économique et politique, le Liban n’avait pas besoin de ça. Il était en effet environ 18 heures [locales], le 4 août, quand une explosion a secoué le port de Beyrouth. Alors qu’une épaisse fumée se dégageait d’un entrepôt, elle a été suivie par une seconde, ayant produit un nuage en forme de champignon. La puissance de cette dernière a depuis été évaluée à 1,155 kilotonne de TNT et ses effets ont été ressentis jusqu’à Chypre, à 200 km de là.

Le souffle de cette seconde explosion a ravagé la capitale du pays du Cèdre. Selon un bilan donné au matin du 5 août, il est fait état d’au moins 100 tués et de plus de 4.000 blessés. En outre, au moins 100 personnes sont portées disparues.

Des navires qui étaient au port ont été endommagés, dont la corvette BNS Bijoy, un navire de 1.430 tonnes déployé par le Bangladesh au sein du Groupe d’intervention navale de la Force intérimaire des Nations unies au Liban [FINUL]. « Des Casques bleus sont blessés, certains gravement », a d’ailleurs indiqué cette dernière.

Selon les premiers éléments disponibles, la catastrophe aurait été causée par un stock de 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium, une substance chimique utilisée pour produire des engrais et des explosifs, qui fut la cause de l’explosion qui endeuilla Toulouse, en septembre 2001, sur le site d’AZF.

Le directeur des douanes, Badri Daher, a indiqué qu’un dépôt de feux d’artifice se trouvait à côté de celui où était entreposé le nitrate d’ammonium. Et cela, d’après Hassane Diab, le Premier ministre libanais, « depuis six ans et sans mesures de précaution. »

Il y a un an, Danny Danon, l’ambassadeur israélien auprès de l’ONU, avait affirmé que le port de Beyrouth était sous le contrôle du Hezbollah, la milice chiite libanaise.

« Dans les années 2018-2019, Israël a découvert que des articles à double usage étaient introduits en contrebande au Liban afin de faire progresser les capacités de roquettes et de missiles du Hezbollah », avait-il affirmé. « L’Iran et la Force Al-Qods [unité des Gardiens de la révolution] ont commencé à faire progresser l’exploitation des canaux maritimes civils, et plus particulièrement du port de Beyrouth. Le port de Beyrouth est devenu celui du Hezbollah, » avait-il poursuivi.

Ce que les autorités libanaises démentirent, qualifiant les accusations de M. Danon de « menace directe contre la paix et les infrastructures libanaises. »

Quant à l’origine de ce nitrate d’ammonium, le directeur général de la Sûreté générale a indiqué qu’il avait été « probablement été confisqué depuis des années et stocké dans entrepôt du port. »

Cela étant, en 2015, un certain Bassam Hussein Abdallah, un libano-canadien, avait été arrêté à Chypre pour « soutien » au Hezbollah, avec 8,2 tonnes de nitrate d’ammonium en sa possession. Devant le tribunal pénal de Larnaca, il avait plaidé coupable de « participation et de soutien à une organisation terroriste » et de « possession illégale et transfert de matériaux explosifs ». Il fut alors condamné à 6 ans de prison.

Quoi qu’il en soit, le Hezbollah a, via un communiqué, présenté ses « plus profondes condoléances à l’honorable peuple libanais et aux familles des martyrs [les victimes; ndlr] pour cette grave tragédie nationale. »

Par ailleurs, plusieurs pays ont proposé leur aide au Liban, dont Israël [toujours techniquement en guerre avec son voisin libanais], les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Canada le Koweït, le Qatar et l’Iran.

« La France se tient et se tiendra toujours aux côtés du Liban et des Libanais. Elle est disposée à apporter son assistance en fonction des besoins qu’exprimeront les autorités libanaises », a fait savoir Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères.

« J’exprime ma solidarité fraternelle avec les Libanais après l’explosion qui a fait tant de victimes et de dégâts ce soir à Beyrouth. La France se tient aux côtés du Liban. Toujours. Des secours et moyens français sont en cours d’acheminement sur place », a affirmé le président Macron. « Nous déployons au Liban un détachement de la sécurité civile et plusieurs tonnes de matériel sanitaire. Des urgentistes vont également rejoindre Beyrouth au plus vite pour renforcer les hôpitaux. La France est déjà engagée », a-t-il ensuite précisé.

Et elle l’est d’autant plus que des militaires français de la FINUL sont intervenus à Beyrouth, peu après la catastrophe.

Dans le détail, deux avions de l’armée de l’Air [et de l’Espace], dont 1 A400M et 1 A330 MRTT, rejoindront Beyrouth. Ils y achemineront 55 militaires de l’Unité d’instruction et d’intervention de la Sécurité Civile n°1 [UIISC] de Nogent-le-Rotrou, spécialisée dans le sauvetage-déblaiement et les risques technologiques, ainsi qu’une vingtaine de tonnes de matériels, dont un poste sanitaire mobile pouvant prendre en charge plus de 500 blessés. D’autres moyens pourraient être dépêchés sur place en fonction des besoins qui seront identifiés.

Pour rappel, relevant de l’armée de Terre [arme du Génie, ndlr], l’UIISC n°1 compte environ 600 sapeurs détachés et mis pour emploi à la disposition du ministère de l’Intérieur pour des interventions en France et à l’étranger.

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