Covid-19 : Pendant le confinement, les violences physiques à l’égard des gendarmes ont bondi de 75%

En novembre dernier, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales [ONDRP] indiqua que, en 2018, 2.306 gendarmes avaient été blessés à suite d’une agression, en 2018. Soit une hausse de près de 20% par rapport à l’année précédente [.pdf].

Le contexte qui prévalait en 2018 pouvait expliquer en grande partie cette hausse relativement importante, les gendarmes mobiles ayant été en première ligne lors du mouvement des gilets jaunes et du démantèlement de la ZAD [zone à défendre] de Notre-Dame-des-Landes.

S’agissant des chiffres pour l’année 2019, il faudra encore attendre pour les obtenir. Cela étant, on aurait pu naïvement penser que le mesures décidées le 16 mars dernier pour limiter l’épidémie de Covid-19, allaient faire baisser le nombre des agressions contre les gendarmes et les policiers, même si ces derniers ont été au contact de la population pour faire respecter le confinement. Or, il n’en a rien été, bien au contraire.

Ainsi, lors d’une audition devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, laquelle a donné lieu à un communiqué de presse publié le 13 mai, le directeur de la Gendarmerie nationale [DGGN], le général Christian Rodriguez, a fait savoir que le nombre de violences physiques commises à l’endroit des gendarmes avait bondi de 75% durant le confinement et par rapport à la même période qu’en 2019. Quant aux violences verbales, elles ont augmenté de 58%.

Dans le détail, les violences phyisques ont progressé de +40% et de +240% en outre-Mer, principalement à Mayotte. Lors d’une précédente audition, organisée par la commission des Lois de l’Assemblée nationale, le général Rodriguez avait expliqué que les « caillassages » y étaient « quotidiens » et qu’il étaient « le fait de mineurs isolés d’autant plus désœuvrés » par la fermeture des écoles.

« Nous essayons d’être présents et d’anticiper. Les territoires d’outre-mer sont moins touchés par le virus que la métropole, ce qui est une chance compte tenu des conditions de vie de nombreuses personnes. Globalement, la population y respecte le confinement », avait ajouté le DGGN.

Quant aux violences verbales, elles sont équitablement réparties, si l’on peut dire, leur hausse ayant été de +57% en métropole et de +61% en outre-Mer.

« Les violences observées sont le fait de nos ‘clients’ habituels », avait par ailleurs précisé le général Rodriguez aux députés à la commission des Lois.

Durant le confinement, 60.000 à 65.000 gendarmes [sur 100.000 environ] ont été mobilisés. « Soit davantage qu’au plus fort du mouvement social des gilets jaunes », est-il souligné dans le communiqué de la commission de la Défense. « Le général Rodriguez a insisté sur le fait qu’il s’était bien agi de protéger la population contre l’épidémie et non de faire de la répression. D’ailleurs, dans l’immense majorité des cas, les gendarmes ont su faire preuve du discernement nécessaire à l’application des mesures décidées au niveau national », y est-il ajouté.

Au total les contrôles du confinement [pour lequel il fallait une attestation signée sur l’honneur pour pouvoir sortir de chez soi pour une durée limitée], ont donné lieu à moins de 5% de contraventions [de 135 euros].

Au 22 avril, les gendarmes avaient effectué plus de 8 millions de contrôle. « Seuls 116 signalements sont parvenus à l’inspection générale de la gendarmerie nationale [IGGN], dont seulement une quinzaine de mises en cause de gendarmes qui auraient manqué de discernement. Nous avons donné des directives de fermeté mais aussi de discernement car il existe beaucoup de cas particuliers, notamment des personnes qui se déplacent pour travailler », avait expliqué le général Rodriguez devant les députés de la commission des Lois.

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