Pour le chef d’état-major des armées, tuer le général Soleimani en Irak n’était « pas une bonne idée »

Le 3 janvier, une frappe américaine tuait, à Bagdad, le général iranien Qassem Soleimani, le chef d’al-Qods, l’unité des Gardiens de la révolution chargée des opérations extérieures, ainsi qu’Abou Mehdi al-Mouhandis, le chef opérationnel du Hachd al-Chaabi, une alliance de milices chiites pro-Téhéran.

Cette action suscita de vives protestations en Irak, en particulier dans le camp chiite. Au point que le Parlement, dominé par ce dernier, vota une résolution pour exiger du gouvernement le départ des « forces étrangères ». Et Téhéran riposta en tirant des missiles en direction de deux bases irakiennes abritant des soldats américains. Dans le même temps, les missions de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis furent suspendues. De quoi réjouir l’État islamique [EI ou Daesh] qui, bien qu’ayant perdu les territoires qu’il contrôlait, continue de faire peser une menace.

Dans un premier temps, la France, par la voix du président Macron, rappela son « attachement à la souveraineté et à la sécurité de l’Irak ». Puis, via un communiqué diffusé conjointement avec le Royaume-Uni et l’Allemagne, elle dénonça le « rôle négatif joué par l’Iran dans la région, en particulier par la force al-Qods sous l’autorité du général Soleimani. »

Reste que, pour le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA], éliminer le général Soleimani n’était sans doute « pas une bonne idée. »

« Soleimani n’était pas un saint, c’était très évidemment un véritable agitateur et un élément de déstabilisation très efficace des Iraniens », mais « aller tuer Soleimani sur le terrain irakien me semble ne pas avoir été une bonne idée », a en effet affirmé le CEMA, lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de la défense [AJD], ce 22 janvier.

« Cela affaiblit la position de l’Irak et très clairement, la volonté de la coalition [anti-jihadiste, ndlr], des Occidentaux, c’est de consolider l’Irak, c’est de l’aider à se reconstruire comme un état stable et souverain dans la région », a continué le général Lecointre, selon ses propos rapportés par l’AFP.

S’agissant du Hachd al-Chaabi, dont l’une des milices est accusée par les États-Unis de s’en prendre régulièrement aux intérêts américains en Irak, le général Lecointre a estimé que l’on est « sur le fil du rasoir ».

« Est-ce qu’on sera capable de continuer le processus de [leur] intégration progressive à l’armée irakienne, et on travaille dans ce sens-là, ou est-ce qu’au contraire ça va devenir de façon plus ouverte un instrument de déstabilisation à la main de l’Iran? je n’en sais rien », a reconnu le CEMA.

Pour rappel, au titre de l’opération Chammal [nom de la participation française à la coalition], la France est présente militairement en Irak, via la Task Force Monsabert « nouvelle génération » [appelée ainsi après avoir absorbé la TF Narvik, ndlr], qui vise à former et à entraîner les soldats irakiens.

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