Décès de l’amiral Pierre Lacoste, ancien patron de la DGSE

Patron de la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE] au moment de l’affaire dite du « Rainbow Warrior », l’amiral Pierre Lacoste s’est éteint le 13 janvier, alors qu’il allait fêter ses 96 ans. Ses obsèques auront lieu le 20 janvier 2020 en la cathédrale Saint Louis des Invalides, à Paris, selon l’espace traditions de l’École Navale.

Né le 23 janvier 1924 à Paris, Pierre Lacoste n’a que 19 ans quand il décide de rejoindre les forces françaises en Afrique du Nord, avec l’intention de s’engager dans la Marine. Après être passé par l’Espagne, il finit par arriver au Maroc avant d’intégrer le cours des officiers de réserve et l’École navale [promotion 1944], ce qui donnera lieu à quelques complications administratives…

Quoi qu’il en soit, le jeune homme est aspirant en 1946, avant d’être promu enseigne de vaisseau de 1ere classe [lieutenant] deux ans plus tard. Il prend ensuite part aux opérations navales en Indochine. Après avoir alterné des postes à terre et en mer et s’être spécialisé dans les transmissions, il assure le commandement de trois navires de surface, dont l’escorteur rapide « Le Provençal » et l’escorteur d’escadre Maillé-Brézé.

Après avoir enseigné à l’École de guerre et être passé par le cabinet du ministre de la Défense [Yvon Bourges à l’époque], il est promu contre-amiral et nommé commandant de l’École supérieure de guerre navale en 1976. Deux ans plus tard, il devient chef de cabinet militaire du Premier ministre Raymond Barre. Un poste qu’il occupe jusqu’en 1980, année où il se voit confier le commandement de l’Escadre de la Méditerranée.

Après l’élection du président François Mitterrand [mai 1981], le renseignement extérieur français est profondément remanié sous la houlette de Pierre Marion, le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage [SDECE] devant la Direction générale de la sécurité extérieure.

En 1982, Pierre Marion décide de quitter ses fonctions, en raison de désaccords avec les responsables politiques d’alors. Pour le remplacer, le ministre de la Défense, Charles Hernu, songe à l’amiral Pierre Lacoste, qui s’attendait à être nommé inspecteur général de la marine. Lors d’un entretien avec le président Mitterrand, l’officier fit part de son « étonnement » étant donné « son innocence » et sa « méconnaissance » du milieu du renseignement. « Ne vous en faites pas, je vous connais, ça va bien… », lui répondit le chef de l’État.

Survint l’affaire du Rainbow Warrior. En 1984, l’organisation écologiste Greenpeace lança une campagne contre les essais nucléaires français réalisés à Mururoa. L’opération « Satanique » devait la contrer. Mais elle vira au scandale avec le sabotage du navire Rainbow Warrior, alors au mouillage à Auckland [Nouvelle-Zélande]. Un photographe y perdit la vie et deux officiers de la DGSE furent arrêtés [les faux époux Turenge, à savoir cle apitaine Dominique Prieur et le chef de bataillon Alain Mafart, ndlr].

Entre les rivalités entre certains membres du gouvernement, les fuites organisées vers la presse et autres barbouzeries, des fusibles sautèrent. Le ministre Hernu remit sa démission et l’amiral Lacoste fut remplacé par le général René Imbot.

Dans sa relation des faits, l’amiral Lacoste écrira : « C’est le 19 mars 1985 que M. Patrick Careil, directeur de cabinet de M. Charles Hernu, lui a explicitement demandé de mettre en œuvre les moyens de la DGSE pour interdire au mouvement Greenpeace de réaliser ses projets d’intervention contre la campagne des essais nucléaires français à Mururoa, à l’été 1985. […] Reçu en audience par le président de la République, le 15 mai à 18 heures, j’avais mis cette question au premier point de l’ordre du jour […]. J’ai demandé au Président s’il m’autorisait à mettre en œuvre le projet de neutralisation que j’avais étudié à la demande de Charles Hernu. Il m’a donné son accord en manifestant l’importance qu’il attachait aux essais nucléaires. Je ne suis pas alors entré dans un plus grand détail du projet, l’autorisation était suffisamment explicite. »

« Cette opération était trop compliquée, trop risquée et surtout tout à fait condamnable dans son principe même », écrira-t-il en 1997, dans son livre « Un amiral au secret« .

Par la suite, l’amiral Lacoste devint président de la fondation des études de la défense nationale [FEDN], puis du Centre d’études scientifiques de défense [CESD], au sein duquel il créa un séminaire de recherche pluridisciplinaire sur « La Culture française de renseignement. »

Ce qui lui conduisit à s’intéresser au concept aux implications du renseignement dans le monde des affaires en développant en France, avec Alain Juillet, le concept d’intelligence économique, et en créant un DESS Information & Sécurité [intitulé aujourd’hui Master 2 « Intelligence stratégique, Analyse des risques, Territoires. »

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