L’armée suédoise mise dans l’embarras à cause d’un officier ayant falsifié ses qualifications

Comment un commandant ayant bidonné son curriculum vitæ a pu servir en tant qu’officier de liaison au Grand Quartier Général des Puissances Alliées en Europe de l’Otan, [SHAPE] à Mons [Belgique], avoir eu accès à un système informatique dédié au partage du renseignement [en l’occurrence l’Afghanistan Mission Network, aujourd’hui disparu, ndlr] et être désigné pour rejoindre le contingent suédois de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unis pour la stabilisation du Mali [MINUSMA]?

C’est à ces questions que l’état-major suédois doit répondre… En effet, le 13 janvier, le quotidien Dagens Nyheter a révélé qu’un officier ayant menti sur son expérience et ses qualifications, avait occupé plusieurs postes sensibles, notamment au sein de la sécurité et du renseignement militaire, pendant près de dix ans. Et il avait servi comme officier de liaison auprès de l’Otan entre 2012 et 2013. Ce qui trahit une certaine légèreté dans le suivi des carrières au sein des forces armées du pays.

Ces dernières ont confirmé, via un bref communiqué, les informations du journal, affirmant avoir « employé à tort » cet officier dans l’identité n’a pas été révélée.

« La personne a travaillé comme officier de liaison et avec un système informatique utilisé dans le cadre des opérations militaires pour lesquelles les forces armées suédoises disposent de personnel », a fait savoir l’état-major suédois, qui a annoncé l’ouverture d’une enquête. Et d’ajouter que cette « personne n’a eu accès qu’aux informations auxquelles la Suède avait droit ».

Ce 16 janvier, le Dagens Nyheter a précisé ses accusations en affirmant que l’individu en question est en réalité un « faux officier ». Un fait qui « était jusqu’alors inconnu des forces armées et d’autres autorités. »

Certes, à 19 ans, il avait suivi une formation préparatoire pour devenir officier.. Formation qu’il avait dû interrompre pour avoir menti sur son niveau scolaire. Aussi a-t-il falsifié son diplôme, en allant jusqu’à apposer la signature d’un certaine colonel « Per Carlsson », qui… n’a jamais existé.

Le plus invraisemblable est que cette supercherie ne l’a nullement empêché d’être régulièrement promu et de servir à l’étranger, notamment au Kosovo [avec le galon de capitaine] ou encore en Afghanistan [avec celui de commandant] et au SHAPE. Qui plus est, après avoir avoir été au renseignement militaire, il a travaillé pour la cyberdéfense suédoise.

Au Dagens Nyheter, ce faux officier a assuré qu’il n’a jamais été un « agent de puissances étrangères » et qu’il « n’a pas partagé d’informations avec d’autres pays ». Mais au vu de la facilité apparente avec laquelle il a berné tout le monde et déjoué les contrôles de sécurité [à se demander s’ils existent en Suède…], certains services de renseignement doivent regretter de pas avoir pensé plus tôt à recourir à une manipulation…

Quoi qu’il en soit, pour l’Otan, l’affaire est « grave ». « Nous savons que les forces armées suédoises enquêtent actuellement sur ce problème », a réagi colonel américain Juanita Chang, porte-parole du SHAPE. Et de rappeler que « le personnel en mission temporaire de l’Otan est sélectionné et envoyé par son pays d’origine, qui est également responsable de ses tests de sécurité. »

Pour rappel, la Suède ne fait pas partie de l’Alliance atlantique. Mais elle a rejoint le « Partenariat pour la paix » de l’organisation en 1994. Ce qui fait ses forces armées sont régulièrement conviées à des exercices de l’Otan, voire à participer à des opérations menées par cette dernière, comme ce fut le cas en Afghanistan.

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