Roumanie : Fincantieri conteste un marché de 4 corvettes, promis à son partenaire Naval Group

Le vainqueur de l’appel d’offres lancé par Bucarest en vue d’acquérir quatre corvettes pour la marine roumaine aurait dû être connu en janvier dernier. Las, la procédure fut suspendue à cause de « soupçons d’irrégularités ». Et le ministère roumaine de la défense indiqua avoir saisi le parquet militaire « sur la base de soupçons raisonnables quant au déroulement en parfaite légalité de cette procédure », lesquels étaient susceptibles de présenter un « risque pour l’intérêt nationale de sécurité. »

Trois concurrents étaient alors en lice pour cet appel d’offres : le néerlandais Damen, associé au chantier naval Galati, le français Naval Group, allié à Santierul Naval Constanta, et l’italien Fincantieri.

Selon la presse roumaine, l’offre faite par Naval Group, basée sur ses corvettes de la gamme Gowind, aurait été la moins onéreuse [1,2 milliard d’euros]. Seulement, la majorité au pouvoir à Bucarest, par ailleurs engluée dans des affaires de corruption [son chef au Parlement, Liviu Dragnea, a été mis sous les verrous en mai], aurait eu une nette préférence pour Damen… D’où, a priori, la suspension de la procédure au début de cette année.

Puis, en mars, dans un entretien donné au site Defense Romania, le ministre roumain de la Défense, Gabriel Leş, confirma, sans toutefois le nommer, que Naval Group était en bonne position pour remporte ce marché, prioritaire pour la marine roumaine au regard de la situation en mer Noire. Et, le mois suivant, le constructeur naval français précisa ses intentions en matière de transferts technologiques au profit de l’industrie roumaine. En outre, début juin, Andrei Ignat, le secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense, à l’origine de la saisine du parquet militaire, fut limogé.

L’officialisation du nom du vainqueur de l’appel d’offres n’était donc qu’une affaire de patience… Seulement, le 20 juin, et alors qu’il venait de signer un accord en vue de créer une co-entreprise avec Naval Group [projet Poseidon, ndlr], Fincantieri est sorti du bois en saisissant le Conseil national pour le règlement des plaintes [CCSN] roumain afin de contester la procédure relative aux quatre corvettes en mettant en cause l’impartialité de la procédure.

Et cette plainte a été acceptée par le CCSN. « Il est évident, selon le Conseil, que la procédure litigieuse pourrait aller au-delà du cadre législatif, être dommageable et violerait également le principe du traitement juridique et la non-discrimination au sens de l’art. 2 alinéa 2 lettres a) et b) de l’ordonnance gouvernementale d’urgence 114/11 », a-t-il fait valoir.

« Au moment où on évoque à Paris l’importance de la loyauté entre les deux partenaires au sein de la société commune, Fincantieri ne s’y serait pas pris autrement pour faire douter les Français et, surtout, faire perdre Naval Group en Roumanie », estime ainsi Michel Cabirol, de La Tribune.

En outre, selon le site Profit.ro, en attendant, le « dossier Corvette est arrivé à la Direction nationale de la lutte contre la corruption et des révélations d’un grand intérêt pourraient apparaître concernant cette ‘patate chaude’ pour le ministère [roumain] de la Défense. »

Photo : Corvette Gowind (c) Naval Group

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