Le Pentagone proteste auprès de la Maison Blanche, après une polémique sur le destroyer USS John McCain

Fils et petit-fils d’amiral et ancien pilote de l’US Navy ayant fait la guerre du Vietnam, le sénateur républicain John McCain n’était pas un fervent soutien de Donald Trump. Et l’actuel locataire de la Maison Blanche le lui rendait bien, au point de s’en prendre encore vigoureusement à lui sept mois après son décès…

Cette inimitié – voire cette hostilité – à l’égard de John McCain a été à l’origine d’un incident lors de la visite de M. Trump au Japon, où est affecté le destroyer USS John McCain.

En effet, selon le Wall Street Journal, un officier de l’état-major particulier du président américain aurait demandé à la 7e Flotte américaine, basée dans l’archipel nippon, de faire en sorte que ce navire ne soit « pas à portée de vue » de M. Trump.

Le destroyer a été baptisé ainsi en mémoire du père et du grand père de John McCain, ces derniers ayant été amiraux de l’US Navy lors de la Seconde Guerre Mondiale. Et le nom du sénateur y a été associé en juillet 2018, soit quelques semaines avant son décès.

Toujours selon le Wall Street Journal, le nom du navire a d’abord été masqué par une bâche, laquelle a été retirée pour une « raison indéterminée ». Et une autre embarcation a été déplacée pour bloquer la vue du destroyer.

« Tous les bateaux ont gardé leur emplacement habituel pendant la visite du président », a cependant assuré un porte-parole de la 7e Flotte, sollicité par l’AFP. Quant à la bâche, qui a été photographiée, il a indiqué qu’elle avait été retirée avant l’arrivée de M. Trump.

« Je n’ai été informé de rien en rapport avec le navire de la Marine USS John S. McCain lors de ma récente visite au Japon », s’est ensuite défendu Patrick Shanahan, le chef du Pentagone. Et d’annoncer l’ouverture d’une enquête, menée par son chef de cabinet.

Un peu plus de quarante-huit heures plus tard, M. Shanahan a pu ainsi confirmer que la 7e Flotte de l’US Navy avait bel et bien reçu une « directive » de la part de l’état-major particulier de la Maison Blanche pour que l’USS John McCain « ne soit pas à portée de vue » durant la visite de Donald Trump. Mais cette directive « n’a pas été mise en oeuvre », a-t-il précisé, alors qu’il se rendait à Séoul.

D’après le lieutenant-colonel Joe Buccino, son porte-parole, M. Shanahan a chargé son chef de cabinet de « protester » auprès de la Maison Blanche et de rappeler à l’état-major particulier de M. Trump que les forces armées doivent rester « en dehors de la politique ».

A priori, l’affaire n’ira pas plus loin, M. Shanahan ayant exclu de demander qu’une enquête soit menée par l’Inspection générale du Pentagone sur cet incident.

Le directeur de cabinet de la Maison-Blanche, Mick Mulvaney, a quant à lui expliqué, le 2 juin, que cette directive adressée à la 7e Flotte était « probablement une initiative personnelle d’un membre de l’équipe » de M. Trump.

« Un membre de l’équipe, âgée de 23 ou 24 ans, s’est rendu sur ce site et a dit : ‘Oh mon Dieu, voici le John McCain, nous savons tous ce que le président pense de l’ancien sénateur et la présence de ce navire n’est peut-être pas la meilleure toile de fond. Quelqu’un peut-il envisager de le déplacer?' », a expliqué M. Mulvaney, pour qui ce n’était pas « une chose déraisonnable », étant donné le contentieux ayant opposé le chef de la Maison Blanche à John McCain.

Quant à M. Trump, il a assuré, le 29 mai, de pas avoir été courant de « l’affaire » concernant l’USS John McCain. Mais, le lendemain, il a déclaré que celui [ou celle] qui avait été à l’origine de la demande visant à masquer le nom du navire avait été « bien intentionné. »

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