La Bulgarie n’arrive pas à s’entendre avec Lockheed-Martin sur le prix des 8 avions F-16V qu’elle veut acheter

On pensait que le dossier du remplacement des avions de chasse MiG-29 « Fulcrum » des forces aériennes bulgares était presque classée. En effet, après dix ans de rebondissements au gré des alternances politiques et des difficultés économiques, Sofia annonçait, en décembre 2018, son choix en faveur du F-16 « Viper », c’est à dire l’ultime version du « best-seller » produit par l’américain Lockheed-Martin.

Et cela mettait donc un terme un appel d’offres auquel participèrent le F/A-18 Super Hornet de Boeing, l’Eurofighter Tranche 1 [défendu par le gouvernement italien] et le JAS-39 Gripen du suédois Saab, qui, jusqu’au bout, défendit ses chances.

La modernisation des forces aériennes bulgares est une nécessité. La situation dans la stratégique région de la Mer noire, où l’Otan a renforcé sa présence en est une des raisons… La consommation du potentiel des MiG-29, régulièrement sollicités pour aller à la rencontre d’avions militaires russes s’approchant de l’espace aérien dont elle a la garde en est une autre.

« L’acquisition d’avions chasseurs multifonctionnels comme le F-16V Block 70 des Etats-Unis équipés de radar et d’armement de dernière génération, élèvera à un niveau qualitativement nouveau les capacités de l’aviation bulgare […] et éliminera la dépendance de la Bulgarie envers des pays tiers » [c’est à dire la Russie, via la société RSK MiG, chargée de la maintenance des MiG-29, ndlr], avait alors expliqué le ministère bulgare de la Défense.

Seulement, comme d’autres priorités sont aussi à financer, les forces aériennes bulgares ne pourront compter que sur huit nouveaux avions. Et, évidemment, avec une telle commande, il est compliqué d’obtenir un rabais sur le prix d’achat. D’où les difficultés dont le ministre bulgare de la Défense, Krasimir Karakachanov, a récemment fait état sur les ondes de la radio publique Horizont.

En effet, Lockheed-Martin proposerait un prix trop élevé pour les 8 F-16V qu’entend lui commander Sofia ainsi que pour les services annexes, comme la formation des pilotes. En outre, les délais de livraison – 2023 au plus tôt – ne conviendraient pas au gouvernement bulgare.

Et cela même si le constructeur a mis sur la table l’ouverture d’un site en Bulgarie afin d’assurer la maintenance des appareils ou encore si Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, avait assuré que les États-Unis étaient prêts à revoir leur offre afin de « la rendre conforme aux exigences budgétaires et opérationnelles » de la Bulgarie.

Ainsi, selon M. Karakachanov, « certaines propositions en termes de prix de sont pas satisfaisantes et les négociations se poursuivent. » Et « si nous ne pouvont pas atteindre le résultat requis, nous avons le droit de proposer à l’Assemblée nationale de mettre fin au projet ou de poursuivre les négociations avec certains des autres participants » [à l’appel d’offres], a-t-il ajouté.

« La Bulgarie a des possibilités, mais elles ne sont pas illimitées. Nous devons respecter le prix, le paquet de services et les délais de paiement. Tout est une question de négociations. Si le prix ne nous satisfait pas, nous avons le droit de dire ‘non' », a insisté le ministre bulgare. « Nous ne voulons pas obtenir quelque chose pour rien, mais à des prix normaux, en tenant compte des prix des autres pays », a-t-il continué, en faisait référence au prix des 14 F-16V commandés par la Slovaquie.

Selon le contrat signé l’an passé, Bratislava a obtenu un prix unitaire d’environ 127 millions de dollars pour ses 14 appareils commandés [services compris]. A priori, l’offre de Lockheed-Martin pour la Bulgarie serait supérieure de 4 millions de dollars par avion.

Quoi qu’il en soit, si les discussions échouent, le ministre bulgare n’exclut pas de s’adresser à d’autres pays. « Nous ne sommes pas obligés d’accepter un prix. Nous pouvons en dévier mais dans des limites acceptables », a-t-il dit. Faute de quoi, « nous pouvons demander à l’Assemblée nationale d’entamer des discussions avec d’autres pays, comme la Suède ou l’Italie », a-t-il prévenu. De quoi mettre la pression sur Lockheed-Martin.

Cela étant, Saab avait fait le forcing jusqu’au dernier moment pour remporter le marché bulgare. L’industriel suédois était en effet allé jusqu’à proposer non pas 8 mais 10 JAS-39 Gripen pour le même prix.

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