L’administration Trump revient sur son projet de retirer du service le porte-avions USS Harry S. Truman

Pendant longtemps, l’US Navy a pu compter sur 11 porte-avions. Mais le retrait, en décembre 2012, de l’USS Enterprise, qui fut le premier navire de ce type à propulsion nucléaire, n’a pas encore été compensé par la mise en service de l’USS Gerald Ford, un bâtiment de nouvelle génération dont l’exploitation sera plus économique, même si sa construction s’est avérée nettement plus coûteuse que prévu.

Selon les plans de l’US Navy, le porte-avions USS Nimitz [CVN-68] devrait être remplacé par l’USS John F. Kennedy [CVN-79] à l’horizon 2022. Et le même sort serait réservé aux USS Dwight D. Eisenhower [CVN-69] et USS Carl Vinson [CVN-70] par les CVN-80 [Enterprise] et CVN-81, ces deux derniers, appartenant à la classe Ford, ayant fait l’objet d’une commande groupée afin de réduire les coûts de construction.

Mais à l’occasion de la présentation du projet de budget pour la prochaine année fiscale, le Pentagone a suscité la surprise en annonçant son intention de retirer du service l’USS Harry S. Truman [CVN-75] dès l’an prochain. Or, ce porte-avions a commencé à naviguer sous le pavillon américain en 1998. En clair, il lui reste une bonne vingtaine d’années de potentiel.

Et les responsables du Pentagone ont justifié une telle mesure en avançant des arguments budgétaires. Ainsi, le retrait de l’USS Harry S. Truman permettrait d’économiser pas moins d’une trentaine de milliards de dollars sur 25/30 ans, soit de quoi acquérir 12 destroyers de la classe Arleigh Burke supplémentaires ainsi que des sous-marins nucléaires d’attaque [SNA]. Et d’investir dans des capacités nouvelles, comme les navires autonomes. Et le choix de ce porte-avions s’est imposé car il doit être prochainement immobilisé pour une coûteuse refonte à mi-vie, comme celle qui vient de subir l’USS Dwight D. Eisenhower…

En 2014, le porte-avions USS George Washington [CVN-73], en attente de sa refonte à mi-vie [estimée à 6 milliards de dollars], faillit connaître un tel sort. À l’époque, et devant l’opposition du Congrès, l’administration Obama avait reculé alors que se profilaient les élections de mi-mandat.

Et la même chose vient de se produire pour l’USS Harry S. Truman, le projet visant à la retirer du service ayant suscité un vif émoi parmi les élus républicains que démocrates. Et ces derniers n’ont en effet pas manqué de rappeler que la loi fédérale impose que le nombre de porte-avions mis en oeuvre par l’US Navy ne doit pas être inférieur à dix et que le président Trump avait plaidé pour qu’il y en ait 12.

« Toute tentative visant à retarder l’achat de porte-avions de la classe Ford ou l’entretien de ceux de la classe Nimitz sont irresponsables sur le plan stratégique et financier et rencontreront sans aucun doute la même résistance qu’en 2014 », a ainsi fait valoir le républicain Rob Wittman.

Le président du comité des forces armées au Sénat, Jim Inhofe ne s’est pas privé de dire tout le mal qu’il pensait de cette mesure. « Retirer du service un porte-avions à mi-vie est stupide », s’est-il emporté.

Cette levée de boucliers a produit son effet. Le 1er mai, le président Trump a indiqué qu’il ne serait désormais plus question de retirer l’USS Harry S. Truman du service.

« J’annule l’ordre de mise hors service du magnifique porte-avions Harry S. Truman, construit en 1998 [assez récent] et considéré comme l’un des grands et des plus beaux du monde. Il sera modernisé à une fraction du coût d’un nouveau [qui sont également en cours de construction] », a en effet indiqué M. Trump via Twitter.

« Je suis heureux d’apprendre que l’administration Trump a enfin rejoint un large éventail d’opposants à son propre projet visant à supprimer un porte-avions qui n’est qu’à mi-parcours de sa durée de service prévue », a commenté le représentant [démocrate] Joe Courtney. Mais il n’est pas privé de faire observer que, depuis que l’idée de retirer l’USS Harry S. Truman du service était sur la table, « les responsables de la marine et du département de la défense ont constamment défendu et justifié cette proposition, y compris lors d’audiences publiques et de séances privées. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]