Le chef de Daesh appelle ses troupes à poursuivre le « jihad », même au-delà de l’Irak et de la Syrie

Cela faisait presque un an qu’Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’État islamique [EI ou Daesh] n’avait plus donné signe de vie, son dernier message audio ayant en effet été diffusé le 27 septembre 2017, alors que l’organisation jihadiste venait d’être vaincue à Mossoul et que ses derniers bastions étaient menacés, tant en Irak qu’en Syrie.

À l’époque, al-Baghdadi avait appelé ses troupes à préparer la suite des opérations, en faisant preuve de « résistance » et de « patience ». Dans son dernier message, qui reste à authentifier, le chef de Daesh reprend exactement la même argumentation, estimant que les pertes territoriales sont « sans conséquence à long terme » et qu’elle ne sont que des « épreuves nécessaires » pour « atteindre la gloire divine » promise à ses partisans. « La victoire n’est pas dans les territoires ni les armes sophistiquées, mais dans la détermination et la volonté de combattre », a-t-il fait valoir.

Ensuite, al-Baghdadi a repris les mêmes arguments développés en avril dernier par Abu al-Hasan al-Muhajir, le porte-parole de l’EI. Ce dernier avait déclaré qu’une « nouvelle phase du jihad » venait de commencer et affirmé que les États-Unis, « épuisés par les moudjahidines », étaient « incapables de contrer les Russes et les Iraniens en Syrie ».

Pour le chef de Daesh, les États-Unis sont une puissance « affaiblie ». Et d’insister sur la brouille entre Washington et Ankara, en mentionnant les récentes sanctions américaines prises à l’égard de la Turquie. Ce qui laisse à penser que l’enregistrement de son message est récent (une à deux semaines, au plus).

Sans surprise, al-Baghdadi s’en est pris aux chiites, en dénonçant le rôle croissant de ces derniers en Syrie et en Irak, où l’imam chiite Moqtada al-Sadr a remporté les dernières élections législatives et noué une alliance avec Hadi al-Ameri, un ancien ministre proche de l’Iran, arrivé second du scrutin. Aussi appelle-t-il les sunnites irakiens à « se repentir » en soutenant Daesh.

Les monarchies sunnites de la région, en particulier l’Arabie Saoudite, sont aussi dans le collimateur du chef de l’EI, qui les a accusées d’être des régimes « apostats » en « relation avec les Croisés ». Détail important : il a cité la Jordanie, ce qui laisse craindre que ce pays soit la cible d’attaques à venir. En outre, il en appelle à ses partisans, qui lui ont fait allégeance en Asie et en Afrique, pour continuer le « jihad ».

Enfin, et ce n’est guère étonnant, al-Baghdadi a menacé l’Europe et le Canada (au sujet duquel il a fait une référence à la fusillade de Toronto, revendiquée en juillet par l’EI), en expliquant que des « opérations » menées en Occident avait plus de valeur que n’importe quelle autre.

Cela confirme les conclusions du dernier rapport du groupe d’experts des Nations unies sur le suivi des sanctions imposées aux groupes terroristes. Si, en 2017, le nombre d’attentats d’inspiration jihadiste a diminué en Europe, le document affirme que « ce calme relatif ne tient pas au manque de motivation des terroristes mais plutôt à l’amoindrissement de la capacité de l’EI à planifier et à exécuter » des attaques.

Reste que la situation d’al-Baghdadi est précaire. Du moins s’il est confirmé qu’il se trouve actuellement dans un secteur situé vers la frontière entre l’Irak et la Syrie. Secteur qui fait l’objet de l’opération Roundup, menée par les Forces démocratiques syriennes [FDS], soutenues par la coalition dirigée par les États-Unis. En juillet, le chef de l’EI a perdu l’un de ses fils, Houdhayfah al-Badri, tué par les forces syriennes et russes dans la province de Homs.

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