Corée du Nord : La France veut anticiper une « situation explosive »

Où en est exactement la Corée du Nord dans son projet de se doter de l’arme nucléaire et des missiles pour éventuellement l’utiliser? L’on sait qu’elle a accompli des progrès importants et rapides, sans doute avec une aide extérieure, pour mettre au point le Hwasong-14, un engin balistique intercontinental. Les deux essais qu’elle a réalisés en juillet ne laissent guère de place au doute.

Quant à l’arme nucléaire, le Washington Post a évoqué, en août, un rapport alarmiste de la Defense Intelligence Agency (DIA), c’est à dire le renseignement militaire américain. Selon ce dernier, Pyongyang aurait réussi à miniaturiser une soixantaine de têtes nucléaires susceptible d’être installées sur des missiles balistiques. Est-ce à dire qu’une partie du territoire des États-Unis est potentiellement menacée par la Corée du Nord?

En réalité, les experts civils du programme d’armement nord-coréen ne vont pas encore jusqu’à l’affirmer. « Je ne pense pas qu’ils aient suffisamment d’expérience en matière de missiles ou d’essais nucléaires pour être capables de mettre en oeuvre une ogive nucléaire suffisamment petite, légère et robuste pour survivre à un tir par missile balistique intercontinental », expliquait récemment Siegfried Hecker, spécialiste du nucléaire à l’Université de Stanford.

En effet, comme l’a montré le dernier tir d’un missile Hwasong-14, les ingénieurs nord-coréens semblent ne pas encore maîtriser la technologie des véhicules de ré-entrée, c’est à dire la partie de l’engin susceptible d’accueillir une ogive nucléaire. En outre, ils auraient encore des progrès à faire en matière de guidage.

Et, a priori, telle est l’analyse de la France, à en croire les propos tenus par Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, sur les ondes de RTL, ce 1er septembre. « On voit une Corée du Nord qui se fixe comme objectif d’avoir demain des missiles permettant de transporter l’arme nucléaire », a-t-il dit. « Ils [les Nord-Coréens, ndlr] ne l’ont pas encore mais ils font des essais en permanence pour dire ‘attention, ça va venir' », a-t-il ajouté, estimant que ce n’était qu’une question de « quelques mois » pour que cela devienne une réalité.

Et, a poursuivi M. Le Drian, « à ce moment-là, quand elle [la Corée du Nord] aura les moyens de toucher par l’arme nuclaire les États-Unis, voire même l’Europe, et au moins le Japon et la Chine, la situation sera explosive ». Aussi, pour le ministre, il est impératif « d’anticiper » et que « la Corée du Nord retrouve le chemin des négociations ».

Cela étant, à Washington, le président Trump n’est pas enclin à discuter avec Pyongyang. « Depuis 25 ans, les États-Unis discutent avec la Corée du Nord et le résultat, nous sommes victimes d’un chantage. Discuter n’est pas la solution », a-t-il en effet lancé via Twitter.

Pour rappel, la France est concernée par la situation de la péninsule coréenne étant donné qu’elle est restée membre de la de la Commission militaire d’armistice (UNCMAC), chargée de surveiller le respect de l’accord d’armistice militaire coréen signé en juillet 1953 entre le Nord et le Sud.

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