UE : Pour Mme Mogherini, il vaut mieux financer les Nations unies que les dépenses militaires

Actuellement, la contribution des États-Unis au budget de l’Organisation des Nations unies est la plus importante de toutes, avec 5,4 milliards de dollars destinés à son budget de fonctionnement (soit 22%), auxquels il faut ajouter 7,9 milliards de dollars au titre des opérations de maintien de la paix (soit 29% du total).

Seulement, le président Trump, dont le slogan est « America First » (l’Amérique d’abord), a l’intention de réduire drastiquement cette participation financière afin de financer une partie de la « hausse historique » des dépenses militaires américaines (+54 milliards par an) qu’il a récemment promis. Si Washington va dans cette voie, alors il faudra évidemment trouver d’autres moyens pour compenser l’argent qui manquera aux Nations unies…

En outre, l’administration Trump met la pression sur les pays européens de l’Otan pour qu’ils augmentent leurs budgets militaires, afin de moins se reposer sur les États-Unis.

En attendant, Federica Mogherini, la haute représentante de l’Union Affaires étrangères et la politique de sécurité, a critiqué cette orientation lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU à laquelle participait, le 9 mai, Nikki Haley, la représentante des États-Unis.

« Je veux être claire et m’adresser directement à nos amis américains […] Il est essentiel pour nous que nous continuions tous à investir dans les agences de l’ONU. Elles sont aussi importantes pour la paix dans le monde que les dépenses dans la Défense, et parfois même plus », a ainsi fait valoir Mme Mogherini.

Pour l’Union européenne, a-t-elle continué, soutenir les Nations unies représente un « investissement crucial dans notre sécurité », avant de souligner que les contributions des États membres de l’UE correspondaient à la moitié du budget global de l’ONU. Ces derniers, a ajouté Mme Mogherini, « investissent avec fierté et de façon intelligente » dans le Programme alimentaire mondial, l’Unicef ou encore l’agence onusienne pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA).

Cela étant, les Nations unies ont plus souvent réagi aux conflits qu’elles ne les ont prévenus (et ce sont les Casques bleus qui en paient le prix). Quant à l’aide au développement, si elle est nécessaire, elle ne suffit pas pour endiguer certaines menaces, à commencer par celle des organisations jihadistes…

Bref, en matière de sécurité, est-il pertinent d’opposer dépenses militaires et financement de l’ONU? Pas à tous les coups, à en juger les difficultés de la Mission des Nations unis au Mali, par exemple, pour disposer des capacités qui lui font cruellement défaut.

Quoi qu’il en soit, les propos de Mme Mogherini rejoignent ceux tenus en février dernier par Jean-Claude Juncker, le président de la commission européenne. « Si vous regardez ce que fait l’Europe en matière de défense, ainsi que pour l’aide au développement et l’aide humanitaire, la comparaison avec les États-Unis semble plutôt différente. La politique moderne ne peut pas être juste une question d’augmentation des dépenses de défense », avait-il dit.

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