Terrorisme : Vers un contrôle renforcé des salariés du secteur des transports

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Peu après les attentats du 13 novembre 2015, les militaires du Groupement de gendarmerie des transports aériens (GTA) Nord avaient découvert des « éléments de prosélytisme avancé et des signaux faibles de radicalisation » lors de la perquisition de 2.100 casiers appartenant à des salariés de l’entreprise Servair et installés dans des locaux situés en « zone piste » de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle.

D’où, d’ailleurs, la création, au printemps 2016, d’une cellule de renseignement composée de 25 policiers de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP), de deux gendarmes et d’un douanier à Roissy.

« Les renseignements travaillaient déjà sur la plate-forme, mais nous aurons désormais une cellule spécifique, formée et travaillant sur place avec des moyens alloués », avait expliqué, à l’époque, Christophe Blondel Deblangy, secrétaire général de la préfecture de Seine-Saint-Denis, délégué aux aéroports de Roissy et du Bourget.

Mais il est question d’aller encore plus loin. Ainsi, lors du Conseil de défense qui s’est tenu ce 25 janvier à l’Élysée, des mesures visant « renforcer la sûreté des transports et mobiliser les opérateurs, notamment pour la sécurisation des aéroports et des gares ferroviaires » ont été « examinées ».

Alors que le contexte actuel marqué par une menace terroriste élevée, il a donc été décidé la création d’un « Service national des enquêtes administratives de sécurité », dont la mission sera de passer au crible les personnes travaillant dans le secteur des transports.

« Potentiellement, 200 à 250.000 personnes en lien direct avec la sécurité des usagers pourraient faire l’objet d’une enquête administrative destinée à vérifier que leur comportement n’est pas incompatible avec l’exercice de leurs fonctions ou des missions envisagées », a expliqué Louis Gautier, le secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN).

Ce nouveau service dépendra du ministère de l’Intérieur et comptera 24 policiers et gendarmes. D’après M. Gautier, sa création pourrait être effective d’ici le 1er mars, « sous réserve de la publication des décrets nécessaires. »

Par ailleurs, le Sénat a adopté, le 24 janvier, le projet de loi sur la sécurité publique, lequel autorise un employeur à licencier un salarié si ce dernier occupe un emploi « en lien direct avec la sécurité des personnes et des biens au sein d’une entreprise de transports » à la condition qu’une enquête administrative ait démontré que son « comportement est incompatible avec l’exercice des missions pour lesquelles il a été recruté ou affecté » et qu’aucun autre poste ne peut lui être proposé.

La création de ce nouveau service fait partie d’un plan plus large dont la coordination a été confiée au SGDSN. Il prévoit notamment d’étendre les audits de sûreté aux transports terrestres, comme c’est déjà le cas pour les transports aériens et maritimes » et d’accélérer la mise en oeuvre de nouvelles technologies « visant à cibler plus vite les situations d’urgence. » Pour cela, un appel à projets, doté de plus de 10 millions d’euros, sera lancé pour créer un « consortium » avec des industriels, les administrations concernées et les opérateurs.

« Nous voulons créer une espèce de plateforme qui permet de mutualiser les projets les plus intéressants pour faciliter l’expression d’un besoin et des niveaux de commande qui fassent que les industriels soient eux-mêmes intéressés au développement de tel ou tel système », a expliqué Louis Gautier.

« Le but de cette plateforme, c’est de tester les nouvelles technologies dans un contexte opérationnel et voir comment elles permettent d’augmenter la capacité de détection et de vigilance des personnels de sécurité déjà déployés », a continué le SGDSN, en évoquant la vidéoprotection intelligente ou la détection à distance d’objets illicites.

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