Pour Donald Trump, l’Otan est « obsolète » mais reste à ses yeux « très importante »

trump-20160722Au cours des quatre prochaines années, il faudra s’habituer aux déclarations parfois contradictoires de Donald Trump, le président américain élu. Fin décembre, via Twitter, il avait plaidé pour un renforcement de l’arsenal nucléaire des États-Unis « tant que le monde n’aura pas retrouvé la raison dans le domaine des armes nucléaires. »

Ce qui laissait supposer un retour de la course aux armements étant donné que les propos du futur locataire de la Maison Blanche répondaient à ceux de Vladimir Poutine, le maître du Kremlin, qui, quelques heures plus tôt, avait parlé d’un « renforcement du potentiel militaire des forces nucléaires stratégiques » russes.

Finalement, près d’un mois plus tard, M. Trump est revenu sur ses propos, à l’occasion d’un entretien donné aux quotidiens « Bild » et « The Times ». Ainsi, il a évoqué un éventuel accord sur la réduction des armements nucléaires avec la Russie en échange de la levée des sanctions imposées à Moscou après l’annexion de la Crimée, en mars 2014.

« Il y a des sanctions contre la Russie. Voyons si nous pouvons faire de bons accords avec la Russie. Je pense que l’armement nucléaire doit être très sensiblement réduit, ça en fait partie », a en effet déclaré M. Trump. « Les sanctions font très mal à la Russie mais je pense qu’il peut se produire quelque chose qui sera profitable à beaucoup de gens », a-t-il ajouté.

Autre sujet abordé : celui de l’Otan. Comme lors de la dernière campagne présidentielle américaine, M. Trump a répété ses critiques à l’égard de cette organisation, qu’il a de nouveau jugée « obsolète ».

« J’ai dit il y a longtemps que l’Otan avait des problèmes. En premier lieu qu’elle était obsolète parce qu’elle a été conçue il y a des années et des années », a estimé le président élu. Et cela parce que, a-t-il précisé plus loin, elle « ne s’est pas occupée du terrorisme ». Ce qui n’est pas tout à fait exact étant donné qu’elle reste engagée en Afghanistan justement pour éviter que ce pays ne redevienne un refuge pour les terroristes, toutefois avec des résultats mitigés.

Autre critique de M. Trump : « les pays (membres) ne payent pas ce qu’ils devraient », a-t-il dit, en référence à la norme des 2% du PIB que chaque Allié doit allouer à ses forces armées. « Nous devons protéger ces pays mais beaucoup de ces pays ne paient pas ce qu’ils devraient », a-t-il continué, avant d’estimer cela « très injuste à l’égard des États-Unis. » Et d’insister : « Il n’y a que cinq pays qui paient ce qu’ils doivent, cinq ce n’est pas beaucoup. »

Lorsqu’il était en campagne électorale, M. Trump avait remis en cause le principe de défense collective (article 5 du Traité de l’Atlantique Nord), que seuls les États-Unis ont invoqué après les attentats du 11 septembre 2001. Il avait en effet affirmé qu’il déciderait d’une intervention militaire américaine au bénéfice d’un Allié agressé après avoir vérifié s’il avait bien rempli ses obligations. De quoi inquiéter les pays baltes et la Pologne.

Pour autant, M. Trump a affirmé, selon Bild, que « l’Otan reste à mes yeux très importante ». Ce qui ne saute pas aux yeux après ses critiques à son égard. D’ailleurs, les propos du président élu ont fait réagir Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des Affaires étrangères, qui avait pourtant critiqué les décisions prises par l’Alliance visant à renforcer son flanc oriental face à la Russie.

« Les déclarations du président élu Trump, qui considère l’Otan comme obsolète, ont été reçues avec inquiétude », a ainsi déclaré M. Steinmeier, après avoir rencontré le secrétaire-général de l’Otan Jens Stoltenberg. « Nous verrons quelles seront les conséquences pour la politique américaine », a-t-il ajouté, avant de souligner que le prochain locataire de la Maison Blanche est « contradiction avec ce que le [futur] secrétaire à la Défense [le général James Mattis, ndlr] a dit lors de son audition à Washington il y a seulement quelques jours. »

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