Les intentions de M. Trump au sujet de l’armement nucléaire restent floues

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Un message de 140 signes paraît léger quand il s’agit d’évoquer les questions relatives à l’armement nucléaire. Mais il est suffisant pour faire monter, à Wall Street, le cours des actions d’entreprises liées au nucléaire, comme Cameco, Uranium Resources ou encore Uranium Energy et susciter des questions sur les intentions en la matière de Donald Trump, le futur 45e président des États-Unis.

Pour rappel, une semaine après le décès de l’économiste Thomas Schelling, dont les travaux contribuèrent à élaborer la doctrine de dissuasion américaine, ce dernier a déclaré, via le réseau social Twitter, que « les États-Unis doivent fortement renforcer et développer leur capacité nucléaire jusqu’au moment où le monde reviendra à la raison en ce qui concerne les armes nucléaires. » Et cela, alors que le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, avait plaidé, la veille, pour le « renforcement du potentiel militaire des forces nucléaires stratégiques » russes.

L’on pouvait penser que, avec ce message, M. Trump voulait réaffirmer son intention de poursuivre la modernisation les forces stratégiques américaines, laquelle représente un effort financier de 1.000 milliards de dollars d’ici 2030, et non relancer une nouvelle course aux armements. Eh bon l’on s’est trompé, du moins en partie.

Comme il est compliqué d’aborder un tel sujet en peu de mots, Jason Miller, un porte-parole de M. Trump, a précisé que le propos en question était une « référence à la menace de la prolifération nucléaire et à la nécessité cruciale de l’empêcher. » Une explication pour le moins curieuse… D’autant plus que, lorsqu’il était en campagne, le futur locataire de la Maison Blanche avait proposé de doter la Corée du Sud et le Japon de l’arme nucléaire…

Plus tard, une journaliste de MSNBC, Mika Brzezinski, a dit avoir une conversation téléphonique avec M. Trump. Et ce dernier lui aurait déclaré : « S’il le faut, il y aura une course à l’armement. Nous les dépasserons à chaque étape et nous leur survivrons. »

Puis, le futur porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, a dû s’employer à clarifier la position de M. Trump en intervenant sur le plateau de plusieurs chaînes de télévision. « Il y a des pays autour de la planète en ce moment qui parlent d’augmenter leurs capacités nucléaires » et « les États-Unis ne vont pas observer ça de loin et permettre que cela arrive sans agir en conséquence « , a-t-il expliqué sur NBC. Et d’ajouter : « Je parle de la Russie. Il ne s’agit pas seulement d’un pays, mais de n’importe quel pays. »

Sur CNN, M. Spicer a fait valoir que M. Trump « fera ce qu’il faudra pour protéger le pays » et que « si un autre pays ou des pays veulent menacer notre sécurité, notre souveraineté, il fera le nécessaire. » En outre, « si un autre pays développe ses (capacités nucléaires), les Etats-Unis agiront en conséquence (…). Mais je pense vraiment que cela ne se produira pas parce que je pense qu’ils ont vu, à l’intérieur et à l’international, que c’est un homme d’action », a-t-il continué.

À la question de savoir si cela signifie que M. Trump pourrait utiliser l’arme nucléaire, Sean Spicer a répondu : « Non. Cela veut dire qu’il n’écartera aucune éventualité. »

« Pourquoi les Etats-Unis fabriquent-ils des armes nucléaires si ce n’est pas pour les utiliser? », avait demandé M. Trump, lors d’un passage à l’antenne de MSNBC, en avril dernier. Affirmant qu’il serait « très, très lent à tirer sur la gâchette » et que « nous (les États-Unis) serions les derniers à utiliser l’arme nucléaire », le futur président avait expliqué que cette option restait une « possibilité » et qu’y renoncer ferait de lui un « très mauvais négociateur. »

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