Pour al-Qaïda, la Syrie est une priorité

Une semaine après le cinquième anniversaire d’Oussama ben Laden, un message d’Ayman al-Zawahiri, son successeur à la tête d’al-Qaïda « canal historique » (ou centrale) a été diffusé via Internet, le 8 mai.

Habitué aux enregistrements longs, al-Zawahiri a, pour cette fois, fait court étant donné qu’il ne lui a fallu que 10 minutes pour délivrer son message, lequel a porté exclusivement sur la Syrie, où al-Qaïda peut compter sur le Front al-Nosra.

Ce groupe jihadiste, allié, au gré des circonstances, à d’autres formations rebelles salafistes et islamistes, est actuellement à l’offensive au sud de la ville d’Alep. Non sans succès d’ailleurs. En effet, ces derniers jours, le Front al-Nosra s’est emparé de plusieurs localités, dont celle de Khan Toumane, et infligé des pertes relativement sérieuses aux « conseillers militaires » iraniens envoyés auprès des forces gouvernementales syriennes (Téhéran a ainsi admis 13 tués dans leurs rangs).

L’objectif du Front al-Nosra est d’instaurer un « émirat islamique » en Syrie, soit quasiment aux portes de l’Europe. Et pour cela, l’organisation jihadiste est en train de poser patiemment ses jalons pour l’atteindre. D’où, d’ailleurs, l’opposition aux jihadistes de l’État islamique. Du moins, est-ce une des raisons.

Aussi, pour Ayman al-Zawahiri, le « Levant est aujourd’hui l’espoir de la communauté des croyants, car c’est l’unique révolution populaire des printemps arabes. C’est celle qui a suivi le bon chemin, celui de la prédication et du jihad pour l’établissement de la charia. »

Aussi, le successeur de Ben Laden en a appelé à « l’unité des moujahidine du Cham », nécessaire selon lui pour que la Syrie soit « libérée des Russes et des croisés occidentaux. »

Mais, dans le même temps, il s’en est pris vivement aux jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh), qu’il a qualifiés « d’extrémistes et de renégats ». Aussi, cet appel à l’unité pourrait indiquer de possibles dissensions au sein du Front al-Nosra. A priori, la direction de cette organisation ne serait pas d’accord sur la ligne à suivre. En effet, certains chef veulent instaurer un émirat islamique sans attendre dans les zones conquises tandis que d’autres estiment qu’il faut d’abord attendre la chute du régime de Bachar el-Assad.

Le même jour, Hamza Ben Laden, le fils du fondateur d’al-Qaïda, y est allé de son couplet en diffusant aussi un message audio par Internet. Et, comme al-Zawahiri, il a lancé un appel à l’unité. « La nation islamique doit se concentrer sur le jihad en Syrie et sur l’unification des rangs des moudjahidine là-bas », a-t-il dit, sans pour autant préciser les groupes jihadistes auxquels il fait référence.

Pour le fils de Ben Laden, la Syrie est un objectif prioritaire car ce pays est « le champ de bataille pour parvenir à la libération de Jérusalem. » Et d’insister : « La voie pour libérer la Palestine est aujourd’hui plus courte grâce à la révolution en Syrie ». Voilà une déclaration qui a le mérite d’être claire.

Cela étant, ce n’est nullement une surprise. En novembre 2015, al-Zawahiri avait tenu des propos similaires en appelant à « libérer » Jérusalem.

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