L’Arabie Saoudite suspend le contrat conclu avec la France pour équiper l’armée libanaise

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En première ligne face à l’État islamique (EI ou Daesh) et d’autres organisations jihadistes comme le Front al-Nosra, le Liban attendait beaucoup du contrat DONAS, négocié entre la France et l’Arabie Saoudite à hauteur de 3 milliards de dollars.

L’idée était alors d’équiper, grâce à un financement saoudien, les Forces armées libanaises (FAL) avec des matériels français, dont des Véhicules de l’avant blindé (VAB), des missiles, des hélicoptères, des systèmes d’artillerie CAESAR, des patrouilleurs, etc.

Outre la menace jihadiste, il était aussi question de donner plus de poids aux FAL face au Hezbollah, la milice chiite soutenue par Téhéran et par ailleurs engagés en Syrie au côté du régime de Bachar el-Assad.

Le contrat DONAS fut signé en novembre 2014 par le ministre saoudien des Finances, Ibrahim al-Assaf, et l’amiral Édouard Guillaud, l’ex-chef d’état-major des armées (CEMA), désormais à la tête d’ODAS, une société publique chargée de l’exportation d’équipements militaires français, essentiellement vers l’Arabie Saoudite.

Par la suite, et hormis une première livraison de missiles MILAN en avril 2015, l’exécution de ce contrat fut soumise à plusieurs aléas, dont quelques réticences de Riyad au sujet des matériels commandés par les forces libanaises. En outre, le ministre saoudien de la Défense, Mohamed Ben Salman, aurait voulu, a-t-il été rapporté, écarter l’ODAS de ce contrat. D’où les blocages constatés au cours de ces derniers mois.

En janvier, lors d’une audition devant la commission « Défense » de l’Assemblée nationale, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait assuré que les livraisons prévues par le contrat DONAS allaient se poursuivre. Et cela, après de « de nombreuses difficultés ».

Seulement, il ne faudra pas y compter… En effet, ce 19 février, l’Arabie Saoudite a annoncé l’interruption de toute aide aux forces armées libanaises pour protester contre les prises de positions de Beyrouth à son égard, « inspirées » par le Hezbollah.

« L’Arabie Saoudite a procédé, à la lumière de ces positions, à une évaluation totale de ses relations avec la République libanaise », a annoncé un porte-parole officiel auprès de l’agence saoudienne SPA. Du coup, le contrat DONAS est aussi suspendu… et les FAL devront continuer à faire avec ce qu’elles ont, alors qu’elles bombardent régulièrement des positions jihadistes depuis le jurd de Ersal (Békaa), théâtre de violents combats par le passé.

Ainsi, Riyad affirme avoir « constaté des positions libanaises hostiles résultant de la mainmise du Hezbollah sur l’État (libanais) en déput de sa volonté de venir en aide aux Libanais, sans distinction », a expliqué le porte-parole.

Parmi les griefs retenus à l’égard de Beyrouth, Riyad a cité la non-condamnation des agressions contre ses représentations diplomatiques commises en Iran, suite à l’exécution du dissident chiite saoudien Nimr al-Nimr, ainsi qu’une campagne de presse hostile inspirée par le Hezbollah, dont le chef, Hassan Nasrallah, a accusé le royaume saoudien et la Turquie de « vouloir entraîner la région dans la guerre » avec leur projet d’intervention terrestre en Syrie.

« Le Hezbollah porte la responsabilité de la perte de ces milliards en raison de ses attaques contre l’Arabie saoudite », a réagi Samir Geagea, l’influent chef du parti « Forces libanaises ». « Soit le gouvernement demande au Hezbollah de cesser ses agressions contre le royaume, soit une délégation officielle se rend à Riyad pour lui demander de reprendre le versement des aides », a-t-il ajouté.

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