Le Burundi refuse le déploiement de troupes de l’Union africaine sur son territoire

Depuis avril et l’annonce que le président Pierre Nkurunziza allait briguer un troisième mandat alors que celui lui était interdit par les accords d’Arusha, le Burundi connaît une nouvelle grave crise politique [voir les explications ici].

Et comme chaque camp joue sur les tensions éthniques entre Hutus et Tutsis, cette crise risque de donner lieu à une guerre civile, voire à un génocide. D’où les appels à la communauté internationale à agir vite.

Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) a ainsi décidé « d’autoriser le déploiement d’une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu), pour une période initiale de six mois, renouvelable ».

Cette Maprobu, forte de 5.000 hommes (soldats et policiers) doit compter une composante civile et intégrer les observateurs des droits de l’Homme ainsi que les experts militaires déjà présents au Burundi. Sa mission aurait pour objectif d’éviter « détérioration de la situation sécuritaire », de protéger les « populations civiles en danger immédiat », d’aider à créer les « conditions nécessaires » à la reprise du dialogue « inter-burundais » et de faciliter « la mise en oeuvre de tout accord » éventuel.

Le CPS a en outre demandé au gouvernement du Burundi de « confirmer dans les 96 heures suivant l’adoption de ce communiqué qu’il accepte l’envoi de la Maprobu et de coopérer avec elle ». En cas d’un refus de la part de Bujumbura, l’UA a prévenu qu’elle prendrait des « mesures supplémentaires » pour assurer le déploiement de sa mission de paix.

Visiblement, l’UA peut dès à présent réfléchir à ces « mesures supplémentaires » puisque le gouvernement burundais, qui ne cesse de dénoncer des « immixions étrangères » dans ses affaires, a opposé une fin de non-recevoir.

« Si l’Union africaine envoyait ses troupes sans le consentement du Burundi, cela serait perçu comme une attaque », a ainsi affirmé, le 19 décembre, Philippe Nzobonariba, le porte-parole du gouvernement burundais. « Le Burundi a assez de soldats pour maintenir la paix », a-t-il fait valoir.

Or, c’est justement là le problème… « Depuis le 26 avril, l’armée a assassiné 408 personnes, la police 301, le service national de renseignement 174 et huit autres ont été tuées par des civils », a indiqué Pierre Claver Mbonimpa, le responsable d’une association de défense des droits de l’homme, devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, réuni en session extraordinaire, le 17 décembre.

Comment l’UA va-t-elle passer outre le refus de Bujumbura? En attendant d’avoir une réponse, l’Ouganda a pris l’initiative d’organiser des discussions entre les différentes factions burundaises le 28 décembre prochain. Sont invités des mouvements d’opposition, le parti au pouvoir ainsi que différentes organisations civiles.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]