La question d’armer les futurs drones Reaper de l’armée de l’Air reste « posée »

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Pour le moment, l’escadron 1/33 Belfort met en oeuvre 3 drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) MQ-9 Reaper, acquis auprès du constructeur américain General Atomics, pour faire du « Mission Control Element », c’est à dire de la surveillance, dans la bande sahélo-saharienne (BSS).

Ces appareils sont utilisés généralement utilisés avant le début d’une opération, dans la phase dite de « Préparation Renseignement de l’espace opérationnel » (PREO), puis pendant, afin de s’assurer de sa bonne conduite.

À la différences de ceux en service au sein de l’US Air Force et de la Royal Air Force, les drones MALE de l’armée de l’Air ne sont pas armés. Le débat sur cette question est ancien et tient avant tout à des motivations éthiques (ce qui peut paraître surprenant dans la mesure où l’on se pose moins de question, par exemple, quand il s’agit de tirer un missile de croisière SCALP).

« Je dois reconnaître qu’au départ j’étais contre les drones armés, pour des raisons morales », avait ainsi affirmé l’amiral Édouard Guillaud, l’ancien chef d’état-major des armées (CEMA), lors d’une audition au Sénat, en 2012. Mais, avait-il ajouté, « j’ai été convaincu par l’utilisation de ces drones lors des offensives de Benghazi et de Misrata. J’ai changé d’avis ».

Depuis, le débat n’a pas beaucoup avancé. Pourtant, il y a des situations où l’intervention d’un drone armé peut être pertinente. Au Mali, il est arrivé qu’un convoi jihadiste soit repéré par une MQ-9 Reaper de l’armée de l’Air avant d’être neutralisé par une frappe aérienne réalisée par une patrouille d’avions de combat. Seulement, en attendant que cette dernière arrive, il peut se passer plein de choses…

Aussi, et alors que l’armée de l’Air recevra 9 drones MALE supplémentaires, conformément à ce que prévoit la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 (soit 4 systèmes de 3 appareils), la question de les armer ou pas reste posée. Et cela d’autant plus que le missilier européen MBDA mène des travaux pour permettre aux MQ-9 Reaper de tirer des missiles Brimstone en lieu et place des Hellfire américains.

En commission élargie, à l’Assemblée nationale, à l’occasion de l’examen des crédits alloués pour l’année 2016 aux forces armées, le député Yves Fromion a remis ce débat sur la table.

« Ne pourrait-on pas envisager d’armer certains des 9 drones d’observation supplémentaires qui doivent nous être livrés, ne serait-ce que pour acquérir une compétence qui sera utile lorsque le drone MALE européen sera mis en service? », a demandé le parlementaire au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en faisant remarquer que « pour délivrer une charge dans le nord du Mali, un avion doit effectuer deux heures de vol depuis N’Djamena. »

A priori, une réflexion est en cours. Et la porte n’est pas totalement fermée. « La question reste posée. Je n’en dirai pas plus », a répondu le ministre. Cela étant, l’affaire n’est pas si simple: pour disposer de MQ-9 Reaper armés, il faudra obtenir l’accord de Washington, ce qui peut retarder la livraison des 9 exemplaires attendus.

Que la question d’armer les drones MALE soit posée est une petite évolution. Évoquant le projet d’Eurodrone, porté par la France, l’Allemagne et l’Italie, M. Le Drian avait ainsi catégoriquement rejeté l’idée que ce futur appareil puisse être armé lors d’une audition au Sénat, il y a quelques mois à peine.

À propos de l’Eurodrone, appelé à remplacer les MQ-9 Reaper, le ministre a indiqué que la phase de définition est toujours en cours. « Nos amis allemands et italiens ont la volonté politique de voir ce dossier aboutir. Ce sera difficile  : il faut éviter que la définition ne soit trop éclatée et que ne se reproduise le scénario de l’A400M, chacun ayant ses propres préconisations. Nous devons aboutir à un seul modèle d’eurodrone MALE ». Et d’ajouter : « Nos partenaires semblent me suivre, mais nous devons exercer une grande vigilance politique. En tout cas, mon homologue allemande est tout à fait favorable au développement de ce programme ».

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