D’anciens militaires français combattent avec les jihadistes en Syrie et en Irak; Les moyens de la DPSD seront renforcés

En avril 2014, une vidéo de propagande de l’État islamique en Irak et au Levant (devenu depuis « État islamique ») mettait en avant un certain « Abou », lequel prétendait être un ancien militaire français ayant servi dans un régiment de parachutistes.

Était-ce un cas isolé? Pas vraiment, selon le journaliste de RFI David Thomson, qui suit de très près la mouvance jihadiste sur les réseaux sociaux. Ainsi, il y aurait une « dizaine d’anciens militaires français » qui combattraient en Syrie et en Irak. Pour la plupart, ils ont rejoint l’État islamique (EI ou Daesh).

« Il s’agit de jeunes d’une vingtaine d’années. Certains sont convertis, d’autres issus de culture arabo-musulmane. Et parmi eux, il y a des anciens de la Légion étrangère ou d’anciens parachutistes », avance David Thomson. L’un d’eux s’occuperait même de l’encadrement des jihadistes français dans la région de Deir Ezzor.

Alors que la question d’une peine d’indignité nationale est revenue dans le débat (après avoir été écartée par le gouvernement en décembre lors d’une discussion d’une proposition de loi de l’UMP¨visant à l’établir), ces ex-militaires ont donc fait le choix de combattre leur pays ainsi que leurs anciens camarades. Au passage, cela interroge sur l’opportunité de remettre au goût du jour la conscription. À l’évidence, avoir porté l’uniforme n’est pas un vaccin contre l’embrigadement jihadiste…

Quoi qu’il en soit, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a confirmé à demi-mots les informations publiées par RFI. « Les cas d’anciens militaires tentés par une aventure jihadiste sont d’une extrême rareté », a-t-il assuré, ce 21 janvier. En outre, a-t-il ajouté, « la DPSD [ndlr, Direction de la protection et de la sécurité de la défense], le service interne à la sécurité et à la protection de la Défense, va renforcer sa vigilance et ses moyens vont être augmentés dans le cadre des mesures indiquées le Premier ministre », a-t-il ajouté.

Justement, en 2013, lors d’une table ronde organisée lors des 5e rencontres parlementaires de la sécurité nationale, l’adjoint au sous-directeur Contre-ingérence à la DPSD, avait dit constater « une augmentation de la radicalisation parmi les militaires français, notamment après l’affaire Merah » [cf. compte-rendu au format .Pdf].

« Changements vestimentaire, de dialectique, arrêts maladie trop fréquents, voyages, vol de matériel : autant de marqueurs que la DPSD observe avec attention afin d’identifier au plus tôt les tentations radicales au sein des forces françaises », pouvait-on lire dans le compte-rendu de cette table ronde.

« Nous intervenons régulièrement en assistance de la DCRI lors d’opérations contre des cellules terroristes car trop souvent hélas dans ces cellules, ou autour d’elles, l’on trouve des militaires français », avait déploré ce responsable de la DPSD.

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