Selon l’Otan, il y aurait environ 250 à 300 « conseillers » militaires russes auprès des séparatistes ukrainiens

Sans surprise, les chefs rebelles urkrainiens pro-russes actifs dans l’est du pays, ont remporté les élections organisées le 2 novembre dans les bastion qu’ils contrôlent. Et Moscou n’a pas tardé à reconnaître les résultats et donc la victoire d’Alexandre Zakhartchenko et de Igor Plotnitski, tous les deux élus présidents des républiques « autoproclamées » de Donetsk et de Lougansk.

Pour son premier communiqué depuis son entrée en fonction, la nouvelle commission europénne an condamné ces élections, jugées « illégales et illégitimes ». Même chose aux États-Unis, où le rôle de la Russie a été pointé du doigt.

« Comment nous l’avons dit à de nombreuses reprises, la Russie a le choix. (…) Si Moscou continue à ignorer les engagements pris à Minsk et poursuit ses actes dangereux et déstabilisateurs, les coûts pour la Russie augmenteront », a commenté Bernadette Meehan, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC), à la Maison Blanche. « Plus généralement, le non-respect par Moscou de ses obligations dans le cadre des accords de Minsk remet en question son engagement à soutenir une solution pacifique au conflit dans l’est de l’Ukraine », a-t-elle ajouté.

Désormais, chaque partie est campée sur ses positions. Et Kiev a décidé, ce 5 novembre, d’arrêter le financement public des territoires contrôlés par les séparatistes. « Dès que les terroristes russes se seront retirés de Donetsk et de Lougansk et que nous reprendrons le contrôle de ces territoires, nous verserons à chaque habitant les allocations sociales auxquelles il a droit », a toutefois promis Arseni Iatseniouk, le Premier ministre ukrainien.

Dans un entretien publié par le quotidien allemand Bild, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavlo Klimkine, n’a pas fait dans la dentelle. « Quelques régions dans l’est de l’Ukraine sont, de fait, sous le contrôle de terroristes pro-russes et de troupes russes. Mais ce sont des régions ukrainiennes – et nous allons les récupérer », a-t-il ainsi assuré. Reste à savoir comment étant donné que Kiev n’a pas les moyens militaires nécessaires…

Quant aux séparatistes, ils n’ont évidemment pas l’intention d’en rabattre. Du coup, les accords de Minsk risquent d’être de l’histoire ancienne… De même que le cessez-le-feu, qui n’a jamais été vraiment respecté par les deux camps.

Aussi, le président ukrainien, Petro Porochenko, a ordonné le déploiement de nouvelles unités militaires et paramilitaires pour protéger plusieurs villes de l’est et du sud-est du pays contre une possible attaque des séparatistes, plus précisément à Marioupol (qui est l’un de leurs objectifs stratégiques), Berdiansk et Kharkiv.

Par ailleurs, au lendemain de ces élections organisées par les séparatistes, le commandant suprême des forces alliées en Europe (Saceur), le général américain Philip Breedlove, a indiqué que depuis l’entrée en vigueur des accords de Minsk, la « ligne de démarcation entre les deux territoires [ndlr, l’Ukraine et le Donbass] ne cesse de se renforcer contrairement à la frontière entre la Russie et l’Ukraine qui est devenue totalement poreuse ».

Le général Breedlove a également affirmé que des forces russes sont toujours prépositionnées à la frontière, même si leurs effectifs sont moindres par rapport à ce qui avait été constaté cet été par l’Otan. Ainsi, selon lui, il y aurait « près de 7 bataillons déployés », contre un maximum de 18. Soit l’équivalent de 5.600 à 7.000 hommes. En outre, il a aussi déclaré qu’il y aurant environ 250 à 300 soldats russes « qui entraînent et équipent les séparatistes ». Mais la sitation a, semble-t-il, rapidement évolué.

Car le lendemain, lors d’une conférence de presse donnée aux côtés de Federica Mogherini, la nouvelle responsable de la politique extérieure de l’UE, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, qui passe pour être plus ouvert à l’égard de Moscou par rapport à son prédécesseur, a dit « observer des mouvements de troupes russes qui se rapprochent de la frontière avec l’Ukraine ».

La Russie continue de soutenir les séparatistes en les entraînant, en leur fournissant des équipements et en les appuyant avec la présence de forces spéciales dans certaines zones orientales de l’Ukraine », a-t-il poursuivi.

« Outre les mouvements de troupes, l’aviation russe multiplie les démonstrations de force à proximité de l’espace aérien des États membres de l’Otan », a encore ajouté M. Jens Stoltenberg.

« Nous interceptons des avions russes au-dessus de l’Atlantique, de la Baltique et de la mer Noire. Le nombre d’interceptions effectuées cette année dépasse la centaine, ce qui est trois fois supérieur à l’année dernière tout entière », a-t-il dit. « Nous invitons la Russie à faire de réels efforts pour parvenir à une solution politique et à user de son influence auprès des séparatistes pour les amener à respecter le cessez-le-feu, ce qui est un préalable à la résolution pacifique de la difficile situation de l’Ukraine », a conclu le responsable de l’Otan.

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