Kaboul accuse les services de renseignement pakistanais d’être à l’origine de l’attentat contre l’hôtel Serena

D’habitude, quand les autorités afghanes rendent responsable le Pakistan d’attaques terroristes visant notamment des intérêts indiens sur leur territoire, elles parlent de « puissance étrangère ».

Quand l’on connaît l’histoire des relations – compliquées – qu’entretiennent ces deux pays, personne n’est dupe. Et on l’est d’autant moins quand l’on sait que les services de renseignement pakistanais, l’ISI (Inter Services Intelligence), ou du moins une partie, sont liés à des groupes de taliban afghans depuis les années 1990, voire même à des organisation terroristes, comme le Lashkar-e-Taïba.

Sauf que, le 24 mars, le gouvernement afghan a nommément accusé l’ISI d’être « impliqué dans la préparation » de l’attaque de l’hôtel Serena de Kaboul, laquelle, revendiquée par les taliban afghans, a fait 9 tués quatre jours plus tôt.

« L’enquête menée après le dramatique incident a révélé que les services secrets pakistanais étaient impliqués dans la préparation de l’attaque », ont effet indiqué les services de renseignement afghan (NDS), par voie de communiqué.

De son côté, le Conseil national de sécurité afghan (NSC), présidé par l’achtel chef de l’Etat, Hamid Karzaï, a assuré qu’un diplomate pakistanais aurait été vu en train de filmer les couloirs de l’hôtel Serena peu avant l’attaque menée par 4 hommes armés.

Bien évidemment, Islamabad a catégoriquement rejeté ces accusations. « Il est grandement dérangeant de voir que le Pakistan est la cible de tentatives visant à l’impliquer dans cet acte de terrorisme », a affirmé Tasnim Aslam, la porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères.

L’Afghanistan accuse régulièrement son voisin de donner refuge aux insurgés, notamment dans sa zones tribale du Nord-Waziristan. Le fait est, les principaux responsables du mouvement taleb afghan, dont le mollah Omar, se trouvent au Pakistan (il est même question de la « choura de Quetta »). Mais en retour, Islamabad, également aux prises avec un insurrection menée par le TTP (Tehrik-e-Taliban Pakistan), reproche à Kaboul de faire la même chose avec les militants islamistes qui lui sont hostiles…

A cela s’ajoute le problème, non réglé à ce jour, de la reconnaissance par Kaboul et Islamabad de la frontière (ligne Durand) qui sépare les deux pays. Cette dernière divise en deux une zone essentiellement peuplée par des tribus pachtounes (on parle de « Pashtounistan), qui sert en effet de zone refuge aux insurgés islamistes. Cette situation fait que les incidents entre Afghans et Pakistanais sont réguliers.

Par ailleurs, et outre les accusations portées contre l’ISI, le ministère afghan de l’Intérieur s’en est pris à la société de sécurité Shield Security, chargée de la protection de l’hôtel Serena. Selon lui, les employés de cette dernières ont « manqué à leurs devoirs ».

« En conséquence, la police a interpellé sept hauts responsables de Shield security, dont son directeur opérationnel, et ils sont interrogés au sujet de l’incident », a-t-il fait savoir, par communiqué.

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