Les Etats-Unis renforcent leur contingent en Corée du Sud

Quand Kim Jong-un succéda  à son père à la tête du régime nord-coréen, en décembre 2011, quelques commentateurs voulaient croire à une possible ouverture de la Corée du Nord. Quelques signes semblaient effectivement accréditer cette hypothèse mais ils furent finalement vite démentis par les faits, avec notamment la reprise des activités balistiques et nucléaires (un 3e essai d’une arme nucléaire ayant eu lieu en février 2013), les purges dans l’appareil d’Etat et le discours invariablement belliqueux à l’égard de Séoul.

L’allocution prononcée par Kim Jong-un à l’occasion de la nouvelle année en est d’ailleurs un nouvel exemple. S’il a estimé qu’un « climat favorable doit être établi pour de meilleures relations entre le Nord et le Sud », le maître de Pyongyang a multiplié les déclarations guerrières.

« Si la guerre éclate à nouveau (dans la péninsule), elle engendrera un désastre nucléaire massif et les Etats-Unis ne seront jamais indemnes », a ainsi affirmé Kim Jong-Un. « Nous sommes face à une situation dans laquelle un petit incident militaire accidentel peut conduire à une guerre totale », a-t-il encore ajouté.

Selon des analystes militaires sud-coréens, il est en effet à craindre que Pyongyang puisse de nouveau se livrer à des provocations pour resserrer les rangs autour de Kim Jong-Un. Cette récette avait déjà été utilisée par le père de ce dernier.

Aussi, comptant déjà un contingent de 28.500 militaires en Corée du Sud, le Pentagone a annoncé, le 7 janvier, l’envoi de 800 hommes supplémentaires dans la péninsule, afin de « permettre une plus grande réactivité en cas de crise avec le Nord ». « C’est un renfort dans le cadre de notre pivot vers l’Asie-Pacifique. C’était programmé depuis longtemps », a fait valoir le colonel Steven Warren, un porte-parole.

L’unité de l’US Army concernée est le 1er bataillon du 12e Régiment de Cavalerie. Ce dernier prendra ses quartiers dans les camps Hovey et Stanley, au nord de Séoul, près de la ligne de démarcation avec la Corée du Nord. Il sera équipé de 40 chars Abrams et de 40 véhicules blindés chenillés Bradley.

« Le bataillon constituera une force entraînée et prête au combat qui se déploiera avec son équipement qui restera dans le pays tandis que les hommes seront stationnés dans le pays pendant neuf mois avant d’être relevés », a précisé le colonel Warren.

A Washington, le 7 janvier, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a déclaré que « les  Etats-Unis et la République de Corée restent fermement unis sans la moindre lumière du jour entre nous sur le sujet de l’opposition aux programmes nucléaire et de missiles balistiques et aux activités de prolifération de la Corée du Nord et la communauté internationale se tient à nos côtés ». Et d’ajouter : « Nous continuerons à moderniser nos capacités de sorte à ce que nous soyons prêts à toute menace ».

« En cas de provocation nord-coréenne, la Corée du Sud et les Etats-Unis répondront fermement en s’appuyant sur leur solide posture de défense combinée », a, de son côté, affirmé Yun Byung-se, le ministre sud-coréen des Affaires étrangères.

Cela étant, des négociations portant sur le coût de la présence militaire américaine en Corée du Sud ainsi que sur le contrôle opérationnel (OPCON) en cas de guerre sont toujours en cours entre Washington et Séoul.

Sur le premier point, il s’agit de renouveler l’Accord des mesures spéciales (SMA), lequel détermine le montant de la contribution sud-coréenne au financement du déploiement des troupes américaines. Ainsi, Washington réclamerait 900 millions de dollars, soit 9,2% de plus par rapport à 2013. Initialement, ce coût était intégralement pris en charge par les Etats-Unis.

L’autre question concerne donc le contrôle opérationnel des troupes américaines et sud-coréennes (640.000 hommes)  en cas de guerre avec la Corée du Nord. Pour le moment, c’est un général américain qui assurerait le commandement de l’ensemble, conformément à de précédents accords passés depuis la fin de la guerre de Corée.

Dans cette affaire, Washington souhaite déjà depuis longtemps que ce contrôle opérationnel soit confié aux militaires sud-coréens, les forces américaines ne devant, le cas échéant, seulement fournir un appui. Une date butoir, fixée initialement à 2012, a été répoussée jusqu’en 2015. Seulement, Séoul estime avoir besoin de davantage de temps pour permettre à ses forces armées d’être prêtes pour diriger les opérations en cas de guerre.

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