M. Le Drian n’est pas sûr que les militaires « n’aient pas le moral »

Lors des différentes auditions des chefs d’état-major par les commissions dédiées aux affaires de défense du Parlement, le thème du moral dans les armées est récurrent, souvent pour mettre en garde contre sa dégradation chez les personnels militaires.

Le « sujet de la condition du personnel et du moral me semble porter des risques maximum pour l’avenir », a ainsi récemment avancé le général Ract-Madoux, le chef d’état-major des l’armée de Terre, lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat.

« La baisse du moral de l’armée de terre en 2012 résulte du sentiment accru de diminution du pouvoir d’achat, de dégradation des conditions quotidiennes d’exercice du métier des armes et de détérioration de la capacité opérationnelle », est-il en outre écrit dans le dernier rapport sur le moral, établi chaque année.

En juillet 2012, le chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Edouard Guillaud, avait indiqué, devant les députés de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, que le « moral des armées était au seuil d’alerte ».

Suppression annoncée de 24.000 postes supplémentaires, en plus des 54.000 déjà passés à la trappe, incertitudes sur le budget car « sanctuarisé » avec des recettes execeptionnelles au caractère aléatoire, réformes qui se succèdent les unes aux autres, les tensions sur les matériels, dysfonctionnements dans le paiement des soldes, avancement bloqué… Voilà autant de facteurs qui pèsent sur le moral des troupes.

« On est dans une crise profonde du moral », a confié le général (2S) Vincent Desportes au quotidien Le Monde. « L’ambiance est à couteaux tirés entre les armées – chacune essayant de tirer son épingle du jeu –, la mésentente règne entre la hiérarchie et le cabinet du ministre, des officiers veulent quitter l’institution, la base n’a pas confiance dans la hiérarchie », a ajouté cet ancien commandant de l’Ecole de Guerre, bien connu pour son franc parler du temps où il était en activité. Or, « dans un corps social qui n’est pas autorisé à parler, c’est explosif », a-t-il encore estimé.

Pour autant, comme l’a noté le général Ract-Madoux dans le rapport sur le moral déjà évoqué, « l’exercice du métier militaire demeure exaltant (…), il n’est pas affecté par les difficultés actuelles et (…), sans conteste, les activités opérationnelles restent stimulantes. » Est-ce à cela que le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a fait référence, lors du « Grand rendez-vous» Europe1/i>TELE/Le Parisien », le 14 juillet? Pas sûr…

« Je ne suis pas sûr qu’ils n’aient pas le moral », a-t-il affirmé au sujet des militaires. « Je me rends toutes les semaines dans les forces », « je parle avec tout le monde », « je vois des militaires fiers de servir, heureux de ce qu’ils font », a-t-il expliqué. Mais il a toutefois admis qu' »il y a un certain nombre d’inquiétudes, mais il y a des inquiétudes dans le pays. Les militaires sont des citoyens comme les autres (ndlr, toutefois soumis au Statut général des militaires), ils savent bien que nous sommes dans une situation difficile et qu’il faut essayer de sortir de la crise. » Et d’ajouter : « Ils savent qu’il y a des interrogations sur les retraites, sur les déroulements de carrière. »

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