Un projet de base russe en Biélorussie inquiète la Lituanie

Indépendante depuis la chute de l’Union soviétique, depuis devenue membre de l’Otan depuis 2004, la Lituanie vient de prendre la présidence tournante de l’Union européenne pour une période de 6 mois. Il lui reviendra donc le soin de préparer le  sommet européen dédié aux affaires de défense, programme en décembre prochain.

En la matière, la Lituanie devrait faire des propositions au sujet des groupes tactiques européens (Battle Group), dont ses forces font partie de celui qui vient de prendre l’alerte depuis 1er juillet. A priori, il serait question de simplifier leurs règles d’engagement afin de pouvoir les utiliser. Chose qui n’a pas pu être faite jusqu’à présent, alors qu’une occasion récente s’est présentée avec l’affaire malienne. En tout cas, si les lignes arrivent à bouger sur ce sujet, c’est que l’UE aura fait du chemin… Mais on n’en pas encore là.

Sur le plan militaire, la Lituanie présente des capacités limitées. Avec une population de 3 millions d’habitants, le pays ne peut compter que sur une armée de 10.000 hommes environ, doté d’un budget de moins de 450 millions d’euros. C’est la raison pour laquelle l’Otan assure la surveillance de son espace aérien.

Seulement, quand la Russie annonce la création prochaine d’une base aérienne en Biélorussie, à quelques kilomètres de la frontière lituanienne, et donc de l’Union européenne, l’on prend mal la chose à Vilnius. Et cela d’autant plus que les relations avec Moscou ont été tumultueuses au cours de l’histoire.

L’implantation de cette base à Lida, en Biélorussie, a été annoncé le 26 juin dernier par le général Vikto Bondarev, le commandant en chef des forces aériennes russes. Cette emprise sera créée « conformément à l’accord intergouvernemental qui prévoit le renforcement de la composante militaire de l’Union Russie-Biélorussie », a-t-il expliqué. « La Russie, en tant que membre de l’Union, est tenue d’y déployer une base aérienne », a-t-il ajouté.

Visiblement, il n’est pas question que ce soit une base conjointe. En clair, elle sera, du moins dans un premier temps (après on verra, a dit le général Bondarev), exclusivement destinée à l’usage des forces aériennes russes, ce qui est une curieuse conception d’une défense aérienne commune. Et elle sera opérationnelle dès 2013 et accueillera des avions de combat de type Su-27 SM3.

Quant aux raisons de Moscou de vouloir cette base, le général Bondarev a indiqué qu’elle « constituera un élément important du premier échelon de défense stratégique de l’Union Russie-Biélorussie » et aura « pour mission de protéger l’espace aérien biélorusse. » Un accord allant dans ce sens avait en effet été signé par Moscou et Minsk en 2009.

Seulement, ces explications sont loin de convaincre à Vilnius, et cela d’autant plus que cette annonce, même si elle était prévisible, a été faire quelques jours avant le début de la présidence lituanienne de l’UE. Ainsi, Arturas Paulauskas, le président de la commission de la Défense et de la sécurité nationale du Parlement lituanien, y a vivement réagi.

« Une concentration de troupes russes près de la frontière lituanienne ne contribuera pas à améliorer les relations entre Moscou et Vilnius », a-t-il affirmé. « La mise en place de cette base vise à montrer à l’UE et à l’Otan que Moscou classe la Lituanie parmi ‘les pays constituant une menace potentielle’ pour la sécurité russe », a-t-il ajouté. « De tels accords militaires nuisent à la confiance entre les Etats voisins », a-t-il insisté.

« Parler du dégel dans les relations bilatérales entre la Russie et la Lituanie, tout en réalisant des actions militaires qui ne contribuent pas au développement des relations de bon voisinage est une position fort étrange », a encore souligné M. Paulauskas, pour qui cette « concentration de forces » vise à « d’influer sur la politique intérieure de la Lituanie. »

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