La Russie perd encore 3 satellites du système de navigation Glonass

Le mois dernier, le commandant des Troupes russes de défense aérospatiale, Alexandre Golovko, avait annoncé que, d’ici la fin de l’année, la Russie mettrait en orbite 4 nouveaux satellites de navigation « Glonas », le système russe qui se veut le pendant du GPS américain.

Seulement, Moscou devra changer ses plans, en raison d’un gros contretemps. En effet, ce 2 juillet, une fusée Proton-M, avec 3 satellites Glonass à bord, a d’abord dévié de sa trajectoire puis a explosé juste après avoir décollé du cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan.

« La fusée s’est écrasée sur le territoire du cosmodrome et a explosé », a indiqué Roslosmos, l’agence spatiale russe. « Ses moteurs ont cessé de fonctionner » (ndlr, ce qui n’est pas évident sur les images), a-t-elle ajouté. L’engin est retombé à 2,5 km du point de son lancement, alors qu’elle contenait 600 tonnes d’heptyle, d’amyle et de kérosène. D’où la formation d’un nuage toxique au-dessus du cosmodrome.

« Cet échec va freiner la mise en œuvre du programme fédéral GLONASS car il prévoyait de mettre en orbite quatre satellites d’ici fin 2013 : les trois appareils qu’on a perdu aujourd’hui et un supplémentaire. Tous ces satellites auraient dû compléter notre groupement orbital. Le déploiement de notre groupement est achevé et ce dernier garantit actuellement un signal stable pratiquement partout dans le monde. Cela dit, pour que le système fonctionne normalement, il faut toujours une réserve orbitale dans le cas où un satellite tomberait hors service ou nécessiterait des opérations de maintenance », a confié un expert du secteur spatial russe à l’agence Ria Novosti.

Héritage de l’Union soviétique – le premier satellite ayant été mis sur orbite en 1982 – le système Glonass est officiellement entré en service en 1993. Cependant, il n’a pu assurer la couverture de 100 % de la surface terrestre qu’en décembre 2011. Comme son homologue américain, son fonctionnement repose sur un minimum de 24 satellites placés en orbite. L’accès à ses signaux est gratuit pour les utilisateurs civils, qu’ils soient russes ou étrangers. Bien évidemment, il a aussi des applications militaires, notamment pour le guidage des munitions de précision.

Ce n’est pas la première fois que trois satellites Glonass sont victimes d’une défaillance du vecteur censé les mettre en orbite. En décembre 2010, un autre fusée Proton était retombée dans l’océan Pacifique, à environ 1.500 km d’Hawaï. La raison avancée à l’époque pour expliquer cet échec était liée à une erreur de programmation de l’ordinateur de bord de l’engin, laquelle aurait provoqué un dysfonctionnement des moteurs.

Depuis quelques années, la Russie accumule les échecs dans ses lancements de fusées. Une tendance accentuée avec les déconvenues du programme de missile balistique Boulava. D’ailleurs, le président Vladimir Poutine, n’avait pas hésité, l’an passé, à limoger Vladimir Nesterov, qui était alors le directeur général du centre Khrounitchev de recherche et de construction spatiale et à ordonner une restructuration du secteur spatial russe, par ailleurs miné par des affaires de corruption. En novembre 2012, des dirigeants de la société « Systèmes spatiaux russes » (RKS) avaient été accusés d’avoir détourné 162 millions d’euros du programme Glonass.

Quoi qu’il en soit, le président Poutine a fait du développement du secteur spatial russe une priorité, avec un plan d’investissement de 39,6 milliards d’euros d’ici 2020. Un cosmodrome, située à Vostotchny, près de la frontière chinoise, est en cours de construction afin d’offrir une alternative à celui de Baïkonour, que Moscou loue auprès d’Astana.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]