La Marine nationale mobilisée après l’attaque d’un pétrolier français dans le golfe de Guinée

C’est avec discrétion qu’a été géré le détournement du pétrolier français Adour. Le 13 juin, l’armateur bordelais Sea-Tankers a ainsi perdu le contact avec le navire, lequel venait de quitter Lomé (Togo). Une cellule de crise, en lien avec le ministère de la Défense, a été rapidement mise en place mais cette dernière n’a livré les informations qu’au compte-gouttes. Du coup, les dessous de cette affaire restent confus.

L’on sait en revanche que la Marine nationale a été mobilisée dès la perte de contact avec l’Adour. Engagée dans l’opération Corymbe depuis avril dernier, la frégate  Latouche-Tréville s’est rendue sur la dernière position connue du pétrolier tandis qu’un avion de patrouille maritime Atlantique 2, basé à Dakkar, au Sénagal, a effectué des vols de reconnaissance dès le 14 juin.

Les renseignements collectés ont permis de confirmer que le pétrolier avait été attaqué  au large du Nigéria par des pirates. Le 17 juin, ces derniers ont quitté l’Adour en emmenant avec eux 2 membres français de l’équipage en direction de la côte. Mais la suite est confuse.

Le lendemain, le porte-parole de l’Etat-major des armées (EMA), le colonel Thierry Burkhard, a indiqué que les deux marins français venaient de « retrouver leur liberté », sans plus de précisions. « Ce soir, l’équipage est sain et sauf, dans sa totalité. L’affaire, qui avait commencé au large du Togo, s’est achevée » au large du Nigéria, a-t-il ajouté.

L’armée nigériane a donné plus d’éléments au sujet de cette affaire mais elle ne parle pas de deux marins français mais d’un seul. Selon le commandant de la Force militaire conjointe (Joint Task Force) du delta du Niger, le général Bata Dembiro, le contrôle de l’Adour aurait été repris grâce à l’intervention des forces françaises et nigérianes. « Mais les pirates ont enlevé Benjamin Elan (ndlr, le commandant en second du navire) pour couvrir leur fuite », a-t-il expliqué à Reuters.

Ce qu’a confirmé le marin français. En effet, Benjamin Elan a déclaré à la presse qu’il avait servi de « bouclier humain quand une patrouille navale est intervenue pour tenter de libérer le navire. » Toujours d’après lui, « les officiers de la marine ont négocié la libération d’autres membres de l’équipage mais les pirates » l’ont « gardé pour être sûrs de réussir à s’enfuir. » Il a aussi raconté avoir été conduit dans un village où il a été bien traité.

« Personne n’a été arrêté parce que les criminels ont abandonné le camps quand ils ont appris que les soldats approchaient », a ensuite expliqué le lieutenant colonel Onyema Nwachukwu. « L’armée a agi suivant des informations transmises par les services de renseignements, avec l’aide de jeunes de la communauté d’Amatu 1, dans l’Etat de Bayelsa, dans la région pétrolifère du Delta du Niger », a-t-il précisé.

Quoi qu’il en soit, le phénomène de la piraterie maritime tend à prendre de l’ampleur dans le golfe de Guinée, le nombre d’attaques recensées étant en constante augmentation depuis ces trois dernières années. Les pirates sont surtout intéressés par les cargaisons des navires visés, notamment le pétrole, qu’ils revendent au marché noir.

En février, le Gascogne, un autre pétrolier de l’armateur Sea Tankers, avait subi ce type de mésaventure, après avoir été attaqué au large de la Côte d’Ivoire. Deux de ses marins furent blessés et les pirates mirent la main sur 500 tonnes de gazole.

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