Manuel Valls réforme le renseignement intérieur

La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a officiellement vu le jour le 1er juillet 2008, par la fusion de la Direction de la surveillance du territoire (DST) et des Renseignements généraux (RG).

Cette réforme s’est faite alors que le renseignement venait d’être mis au rang des priorités par le Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale (LBDSN) de 2008. Outre la DCRI et ses 3.200 policiers chargés du contre-espionnage et du contre-terrorisme,  il avait été aussi créé la sous-direction de l’information générale (SDIG), dont la mission est de surveiller les mouvements sociaux et la mouvance salafiste, ainsi que la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) pour Paris et sa banlieue.

Cela étant, cette organisation a été critiquée, notamment lors de l’affaire Merah, laquelle a révélé des « failles » pour reprendre le mot de Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur. D’où la réforme qu’il a annoncée, le 17 juin, après avoir constaté le « manque de dialogue et d’échanges suffisamment nourris entre l’information générale et le renseignement intérieur » et évoqué les menaces d’un « ennemi intérieur et d’un ennemi extérieur. »

Ainsi, les mesures prises vont dans le sens du rapport rédigé récemment par les députés Jean-Jacques Urvoas (PS) et Patrice Verchère (UMP). La DCRI va donc gagner en autonomie en quittant le giron de la Direction générale de la police nationale et devenir la Direction générale de la sécurité intérieur (DGSI). Il s’agit d’en faire le pendant de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieur), placée sous la houlette du ministère de la Défense, pour le renseignement intérieur.

« Nous avons besoin de l’équivalent intérieur d’une DGSE qui a pu, et a su, profondément se transformer ces dernières années », a expliqué Manuel Valls. « Ses missions seront exclusivement fondées sur la défense de la souveraineté nationale, des intérêts fondamentaux de la Nation et de l’intégrité des institutions républicaines », a-t-il ajouté.

Cela étant, l’actuelle DCRI ne dispose pas des mêmes moyens que ceux du service du boulevard Mortier. Ses crédits de fonctionnement sont de 36 millions d’euros alors que ceux de la Piscine s’élèvent à près de 147 millions pour l’année 2013 (sur un budget total de 644,5 millions).

Aussi, dans les 5 ans qui viennent, la DGSI verra ses effectifs augmenter de 13%, avec le recrutement de 430 personnels supplémentaires, dont 60% seront des contractuels, c’est à dire non policiers. Il s’agira d’embaucher des spécialistes, comme des analystes, des linguistes ou encore des ingénieurs. Cependant, ces renforts paraissent bien timides par rapport au MI-5 britannique, qui compte plus de 4.000 agents ou du BfV allemand (Bundesamt für Verfassungsschutz, Office fédéral de protection de la constitution), doté d’un budget de 173,5 millions d’euros.

Dans le même temps, la SDIG, qui regroupe policiers et gendarmes, sera restructurée et s’appellera dorénavant « Renseignement territorial ». Le ministre de l’Intérieur a estimé qu’il fallait « revaloriser » cette filière, vu comme étant le « parent pauvre » du renseignement. Des changements dans son organisation sont attendus mais il n’est pas question, selon Manuel Valls, de ressusciter les RG. « Dans ce domaine comme dans d’autres, la nostalgie est à éviter », a-t-il dit.

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