La Marine nationale va lancer une mission de reconnaisance dans le Grand Nord

A n’en pas douter, la région Arctique intéressera de plus en plus de monde à l’avenir. D’une part, la fonte des glaces qui y a été constatée permet d’envisager l’ouverture, pendant les mois d’été à l’horizon 2020-2040, de nouvelles routes maritimes beaucoup plus courtes que celles empruntées actuellement et passant par l’océan Indien et le canal de Suez (au moins 6.000 km de gagné entre la Chine et l’Europe). Et cela éviterait les risques liés à la piraterie maritime tout en réalisant des économies de carburant.

D’autre part, son sous-sol recèle des matières énergétiques : 30% des réserves de gaz mondiales encore à découvrir et 13% de celles du pétrole selon les estimations United States Geological Survey (USGS).

Voilà de quoi éveiller les appétits. La Chine n’a pas fait mystère de son intérêt pour cette région, notamment en investissant dans des brise-glaces, en signant un accord de libre-échange avec l’Islande et surtout, en ayant demandé un statut d’observateur permanent au Conseil de l’Arctique. Mais l’Empire du Milieu n’est pas le seul : la Corée du Sud a également fait une requête similaire et compte sur le Canada pour obtenir satisfaction.

La France s’intéresse également au Grand Nord et dispose même d’un ambassadeur pour les pôles, en la personne de Michel Rocard, l’ancien Premier ministre du président Mitterrand. Ce dernier plaide d’ailleurs pour « une gouvernance internationale » dans ces zones, qu’il considère « fragiles. »

En attendant, la Marine nationale va, quant à elle lancer, une mission de reconnaissance dans le Grand Nord. Il s’agira d’y évaluer l’ampleur de trafic maritime et de réaliser des observations météorologiques ainsi que d’en profiter pour tester des instruments d’aide à la navigation.

Cette mission, qui commencera le 11 mai prochain, a été confiée au remorqueur de haute mer (RHM) « Tenace« , commandé par le lieutenant de vaisseau Olivier Crech’riou. Lors d’une conférence de presse donnée à bord, ce dernier a confié qu’il s’agissait aussi pour la Marine nationale de « montrer le pavillon tricolore dans une zone qui intéresse de plus en plus de monde. »

Le bâtiment sera donc absent de Brest, son port d’attache, jusqu’au 24 juin. Son périple le mènera à Reykjavik (Islande), puis au Spitzberg, plus grande île de l’archipel norvégien du Svalbard, et à Arkangelsk (Russie).

Le remorqueur Tenace a été assemblé au début des années 1970 à Hambourg, en Allemagne. Il s’agissait pour la Marine nationale de disposer d’un navire puissant capable de récupérer, le cas échéant, un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) en difficulté. Etant donné que ces submersibles sont appelés à naviguer dans les mers froides, son étrave a été conçue pour briser jusqu’à deux mètres de glace. D’où cette mission dans le Grand Nord…

La Marine nationale compte actuellement deux RHM de ce type : le Tenace et le Malabar. Comme l’assistance aux SNLE n’occupe pas la majeure partie de leur temps, le panel de leurs missions a été élargie à la police des pêches, la surveillance de la Zone Economique Exclusive (ZEE), la lutte anti-pollution et le remorquage d’autres bâtiments de guerre.

Mis en oeuvre par un équipage d’une trentaine de 40 marins, le Tenace aurait dû être désarmé plusieurs fois (il en était question en 2007 et en 2011). Mais au vu de son bon état, il restera en service au moins jusqu’en 2014.

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