Un rapport militaire danois critique les lacunes de l’Otan en matière de renseignement

L’armée danoise a commis une gaffe en transmettant au journal Politiken, en vertu d’une loi sur l’accès à l’information, un rapport concernant son action lors de l’opération Unified Protector, menée en Libye sous le commandement de l’Otan à partir du 21 mars 2011.

En effet, bien que les passages sensibles de ce document numérique (envoyé sous la forme d’un fichier .pdf), aient été « caviardés », les journalistes du quotidien ont pu le consulter dans son intégralité après une simple manipulation informatique, ce qui leur a permis d’avoir la main sur des informations sensibles au sujet des opérations en Libye.

Pour autant, le quotidien danois a fait preuve de responsabilité en de révélant pas le contenu de ces données confidentielles. Néanmoins, il a livre, le 11 octobre dernier, des éléments critiques formulés par du Commandement tactique de la Royal Danish Air Force (FTK) à l’égard de la manière dont l’Otan a géré l’opération Unified Protector.

Lors de cette dernière, le Danemark avait engagé 6 avions de combat F16, mis en oeuvre par 110 personnels depuis la base italienne de Sigonella. Ces appareils ont réalisé 600 missions au-dessus du territoire libyen et largué 923 bombes.

Les avions danois ont opéré en Libye sous contrôle américain jusqu’au 31 mars, date à laquelle l’Otan a pris le relais. Or, affirme le rapport du FTK, ce changement a « considérablement réduit la qualité et l’efficacité de la planification des missions et de leur exécution. »

Pour l’aviation danoise, la « structure de commandement de l’Otan n’était pas organisée pour mener une opération du type ‘Unified Protector’ lorsque l’affaire libyenne a commencé », notamment à cause de lacunes capacitaires en matière de renseignement.

« L’absence de renseignements et d’une coordination des missions adéquate ont forcé la Force aérienne et les autres participants à freiner les opérations contre des cibles clés » affirme le compte-rendu de la FTK, qui précise également que l’Otan n’a pas été en mesure de fournir des évaluations précises des dommages causés par les bombardements.

« Contrairement aux États-Unis, l’Otan n’a pas eu un accès adéquat au renseignement tactique pour appuyer l’opération » affirme encore le document, obtenu par Politiken.

Cela étant, ce constat n’est pas nouveau étant donné qu’il a en partie justifié le lancement par l’Otan du programme AGS (Alliance Ground Surveillance), lequel lui permettra « d’assurer en continu la surveillance de larges zones au moyen de plateformes aériennes sans pilote de type HALE (Haute altitude, longue endurance). »

Ancien Premier ministre du Danemark et actuellement secrétaire général de l’Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen a admis, le 24 octobre, que sans une aide américaine en matière de renseignement de l’Otan n’aurait pas été en mesure d’achever sa mission en Libye, même s’il décrit cette dernière comme un « grand succès. »

Toutefois, l’Alliance est consciente de ses lacunes, a-t-il avancé. Et « dans la réforme en cours de notre structure de commandement, nous avons déjà pris des mesures pour renforcer notre commandement aérien des opérations », a-t-il précisé.

Par ailleurs, une autre information contenue dans le rapport du FTK concerne la gestion des munitions. Ainsi, l’on apprend que l’aviation danoise, en rupture de stock, a été contrainte de s’approvisionner en Israël, étant donné que d’autres membres de l’Otan à qui elle s’était adressée, ne furent pas en mesure de lui fournir les bombes de précision qu’elle demandait.

« Il est très étrange que le Danemark ait agi de cette manière. Tout le monde sait qu’Israël est un sujet très sensible au Moyen-Orient et il semble complètement fou qu’il ait utilisé des armes israéliennes au cours d’une campagne de bombardement controversée d’un pays arabe » a commenté Ibrahim Sharqieh, le directeur adjoint du bureau de la Brookings Institution au Qatar et dont les propos ont été rapportés par The Copenhagen Post.

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