La Pologne va augmenter ses dépenses militaires de 6,7% en 2013

Alors que les dépenses militaires de la plupart des pays de l’Union européenne sont considérées comme des variables d’ajustement budgétaire dans un contexte plombé par la crise, il en va autrement en Pologne où le Premier ministre, Donald Tusk, a déclaré qu’investir dans la Défense est un « moyen de stimuler la croissance économique et l’emploi », et cela d’autant plus que le pays dispose d’une industrie de l’armement relativement importante.

Cela étant, l’économie polonaise, dopée par les fonds structurels européens en vue du dernier Euro de football, se porte plutôt bien, avec une croissance de son PIB de l’ordre de 4,3% en 2011. Les prévisions pour 2012 sont plutôt encourageantes, avec un taux de croissance estimé entre 2 et 2,7%. Bien évidemment, ces perspectives donnent une marge de manoeuvre que d’autres pays européens n’ont pas.

D’autre part, cet effort en matière de défense s’explique par l’histoire polonaise. Si Varsovie n’a rien à crainde de son voisin allemand, en revanche, la Russie est perçue, à tort ou à raison, comme une menace. Si les relations entre les deux pays tendent à s’améliorer un peu au fil du temps, il n’en reste pas moins qu’elles sont marquées par une défiance mutuelle.

Qui plus est, et à la différence d’autres pays européens qui s’en remettre exclusivement – ou presque – à l’Otan pour assurer leur défense, la Pologne tient à se prémunir des changements de cap à Washington, illustrés par les tergiversations américaines au sujet du déploiement sur le territoire polonais d’éléments du bouclier antimissile.

« En acceptant la proposition américaine, nous n’avons pas pris en compte le risque politique lié au changement de président. Nous avons payé un prix très élevé et ne devons pas répéter la même erreur » avait ainsi estimé le président Komorowski, en août dernier.

Quoi qu’il en soit, pour l’année 2013, le budget polonais de la Défense augmentera de 6,7% pour s’établir à 31,17 milliards de zlotys (soit 7,51 milliards d’euros), avec 8,17 milliards (1,93 milliards d’euros) affectés à l’acquisition de nouveaux équipements. La part des dépenses militaires dans le PIB atteindra ainsi 1,95%. Et d’ici 2022, la Pologne prévoit d’affecter 100 milliards de zlotys (24 milliards d’euros) à des « investissement stratégiques » au profit de ses ses forces armées.

Dans le détail, le projet de budget 2013 fait la part belle aux forces aériennes, lesquelles verront leurs moyens progresser de 8%. Viennent ensuite la Marine, avec une hausse de 6% de ses crédits, le commandement des forces spéciales (+4%) et les forces terrestres (+2%), ces dernières ayant récemment bénéficié de plusieurs contrats d’armement, dont celui notifié en septembre dernier auprès de la société polonaise Huta Stalowa Wola (HSW) consistant à acquérir 24 obusiers Krab de 155 mm pour 500 millions de zlotys.

Parmi les projets polonais en matière d’armement, l’on trouve l’achat de drones MALE armés destinés à remplacer les avions SU-22 dont l’entretien coûte extrêmement cher, de 70 hélicoptères multi-rôles, lesquels seraient assemblés en Pologne, de chars Anders ainsi que celui de deux sous-marins à propulsion classique.

Au sujet de ce dernier point, DCNS aura sans doute une opportunié de placer son Scorpène, même si les sous-marins allemands U-214 sont donnés favoris. En novembre 2009, Paris et Varsovie signèrent un accord de coopération militaire dans lequel était évoquée l’idée de « faciliter un partenariat industriel stratégique » entre le constructeur naval français et les chantiers navals polonais SMW, sous la forme d’une prise d’un participation minoritaire au capital de ces derniers.

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