Les négociations pour la vente de 60 Rafale aux Emirats sont de nouveau au point mort

Depuis que les Emirats arabes unis ont fait part, en juin 2008, de leur intention d’acquérir 60 avions de combat Rafale pour remplacer leur Mirage 2000-9, les négociations ouvertes à cette fin avec Paris ont connu plusieurs rebondissements.

Après avoir pris ombrage d’un article publié par le Figaro (propriété de Dassault) dans lequel il était fait mention de liens avec Israël alors qu’officiellement les deux pays n’entretiennent aucune relation diplomatique, les Emirats ont fait mine d’aller voir ailleurs en demandant des informations au sujet du F-18 de Boeing.

Et les choses se compliquèrent davantage après d’autres erreurs « diplomatiques » quand Abu Dhabi cherchait à obtenir davantage de vols commerciaux à destination de Paris pour ses compagnies aériennes Emirates et Etihad.

Il aura fallu l’intervention du président Sarkozy, en décembre 2010 pour remettre les négociations sur les rails. Sauf qu’un an plus tard, les Emirats, qui souhaitent une version « musclée » du Rafale avec des moteurs plus puissants, créérent la surprise en manifestant leur intérêt pour l’Eurofighter Typhoon, accusant Dassault de ne pas être assez compétitif.

Une nouvelle fois, la reprise en main du dossier par l’Elysée et le patron de Dassault, Charles Edelstenne, permit de relancer les discussions. Et, au début de cette année, il apparaissait alors que le contrat de vente de gré à gré allait être signé assez rapidement, c’est à dire avant l’élection présidentielle.

Et, le 15 mars dernier, Challenges écrivait alors que « Dassault Aviation et ses sous-traitants mettent en ordre pour répondre » à la commande émiratie. « Une évolution de l’outil industriel de production du système d’autoprotection Spectra va être mise en place d’ici à la fin du mois sur le site Thales d’Elancourt (Yvelines). Elle correspond aux spécifications du cahier des charges des Emirats » indiquait encore le magazine.

Seulement, il semblerait qu’à nouveau la piste se soit refroidie. Depuis, le président Sarkozy a été, comme on le sait, battu à la dernière élection et il n’est donc « plus là pour mettre une pression énorme sur les Emiratis ainsi que sur son entourage pour finaliser coûte que coûte le contrat », écrit LaTribune.fr. « La France a redécouvert que le client n’avait pas forcément besoin de ces avions de combat tout de suite mais plutôt à un horizon un peu plus lointain » a expliqué, au site économique, une source proche de ce dossier qui a une dimension politique évidente. Et de préciser qu’Abou Dhabi attend un signe du nouveau président, François Hollande.

Pour le moment, le Rafale n’est pas remis en question par les Emirats. Mais la nature ayant horreur du vide, il se pourrait bien que d’autres concurrents cherchent à profiter de ce moment de flottement. Outre l’Eurofighter Typhoon, poussé par les Britanniques qui aimeraient certainement prendre leur revanche sur l’appel d’offres indien où Dassault s’est imposé, le constructeur américain Lockheed-Martin est à l’affût. Il a d’ailleurs proposé à Abou Dhabi des nouveaux F-16, avec l’espoir de placer, plus tard, des F-35.

Ce contrat n’est pas à négliger dans la mesure où d’autres pays de la région, à savoir le Qatar et le Koweït, attendent le choix des Emirats pour déterminer le type du prochain appareil qui équipera leurs forces aériennes. Et tant que ce ne sera pas débloqué, le dossier des Mirage 2000-9 émiratis restera en suspens.

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