Les satellites de télécoms Syracuse ne sont officiellement plus à vendre

L’ancien ministre de la Défense, Gérard Longuet, l’avait évoqué au cours d’un déplacement à Toulouse, en mars dernier. Et c’est désormais devenu officiel, si l’on en croit LaTribune.fr : le projet d’exploiter dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) les deux satellites de télécommunications militaires Syracuse 3A et 3B.

C’est en 2008 que l’idée de cette opération, appelée « Nectar », a pris corps. A l’instar de l’armée britannique, il s’agissait de vendre les deux satellites à un opérateur privé, lequel aurait par la suite vendu la bande passante nécessaire aux besoins des armées, le reste pouvant être utilisé par des clients civils. L’enjeu était de récupérer des recettes exceptionnelles afin de pouvoir les réinvestir dans les équipements.

Par le passé, le ministère de la Défense avait déjà partagé les satellites des programmes Telecom I et Telecom II avec France Telecom, à une époque où l’entreprise était encore un opérateur public.

Sauf que l’opération « Nectar » a suscité des réserves à la Direction générale de l’armement ainsi que des réticences chez les parlementaires et à la Cour des comptes.

Dans un rapport de la mission d’évaluation et de contrôle sur les externalisations dans le domaine de la défense établi en juillet 2011 au nom de Commission des Finances de l’Assemblée nationale, les députés Louis Giscard d’Estaing (UMP) et Bernard Cazeneuve (PS) ont tiré à boulets rouges sur cette initiative qui, selon eux, s’apparentait « davantage à une opération de trésorerie destinée à engranger une recette exceptionnelle, qu’à un réel partenariat public-privé ». Et de souligner que « la Direction générale de l’armement (DGA), elle-même n’est pas sûre que (…) l’opération sera rentable. »

Le projet de vente de l’usufruit du système Syracuse obéit plus à la volonté de créer des recettes exceptionnelles qu’à une opération d’externalisation », laquelle ne doit pas être « confondue avec une finance inventive au service d’un contournement des obstacles budgétaires » avaient estimé les magistrats de la Cour des comptes, dans un rapport publié en février 2011.

Quoi qu’il en soit, dans un courrier, évoqué par LaTribune.fr et envoyé aux deux industriels pressentis pour participer à l’opération Nectar, en l’occurrence Thales Alenia Space et EADS Astrium, la DGA évoque « la dégradation des conditions économiques » ainsi que « des risques supportés par la personne publique » pour justifier l’arrêt du processus de vente. En clair, la cession des deux satellites et leur location n’auraient pas été avantageuses pour le ministère de la Défense, les opérateurs ayant été trop gourmands sur le loyer.

Cette annonce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour EADS Astrium, qui, fort de son expérience outre-Manche avec le programme Paradigm, lequel avait inspiré le projet Nectar, était très favorable à cette opération.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]