L’Iran menace de s’en prendre à la Turquie en cas de frappes contre son programme nucléaire

Dans un contexte marqué par la publication d’un rapport de l’Agence internationale àde l’énergie atomique (AIEA) faisant part de son inquiétude quant à la dimension militaire de son programme nucléaire iranien et face à l’éventualité d’une opération aérienne israélienne; Téhéran a menacé, en guise de représailles, de s’en prendre aux systèmes radars de l’Otan déployés sur le territoire turc.

Récemment, la Turquie a accepté que soit installé sur son sol un radar d’alerte et de détection avancé, indispensable pour la mise en place de la défense antimissile de l’Otan, basé essentiellement sur un projet américain.

« Si nous sommes menacés, nous comptons d’abord prendre pour cible le bouclier de défense antimissile de l’Otan en Turquie. Et ensuite nous nous en prendrons à d’autres cibles » a ainsi affirmé, le 26 novembre, le général Amir Ali Hajizadeh, le commandant des forces aériennes des Gardiens de la Révolution (pasdarans), dont les propos ont été rapportés par l’agence de presse iranienne Mehr.

Cette déclaration du général Hajizadeh, dont les forces placées sous son commandement mettent en oeuvre les missiles balistiques iraniens, est une surprise car, jusqu’à présent, les représailles évoquées pour répondre à une éventuelle attaque contre le programme nucléaire de Téhéran concernaient surtout Israël, dont les relations avec la Turquie se sont passablement dégradées depuis trois ans. Par ailleurs, la possibilité d’un blocus du détroit d’Ormuz est régulièrement évoquée (la marine iranienne prévoit d’y mener prochainement des manoeuvres.

D’après cet officier des Pasdarans, le Guide suprême de la Révolution, l’ayatollah Ali Khamenei, aurait établi une nouvelle directive précisant que Téhéran répondrait « aux menaces par la menace ».

Depuis 2009, les rapports entre la Turquie et l’Iran s’étaient améliorés, Ankara ayant même été jusqu’à proposer ses bons offices, avec le Brésil, pour tenter de régler le dossier du nucléaire iranien. Mais le printemps arabe est passé par là et les deux pays se retrouvent désormais rivaux pour étendre leur influence au Moyen Orient.

C’est surtout la Syrie qui explique la dégradation de leurs relations. En effet, Ankara a clairement affiché son opposition au régime de Bachar el-Assad, que Téhéran soutient, de crainte de perdre l’un de ses principaux alliés dans le monde arabe.

Cela étant, des opérations militaires iraniennes en Territoire turc, même si elles n’atteignent par leurs objectifs, pourraient avoir de graves conséquences. « Les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d’elles (…) assistera la partie ou les parties ainsi attaquées (…) y compris (par) l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique Nord », stipule l’article 5 de la Charte de l’Otan, dont la Turquie est membre.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]