Forts soupçons sur le versement par l’Italie de pots-de-vins aux insurgés afghans

Le quotidien britannique « The Times » avait affirmé, en octobre 2009, que les services secrets italiens avaient versé plusieurs dizaines de milliers de dollars aux insurgés du district de Surobi pour éviter toute attaque de leurs troupes.

Par la suite, en 2008, ce même secteur est passé sous la responsabilité des militaires français, lesquels n’avaient donc pas connaissance de tous les paramètres. C’est ce qui explique, en partie, qu’aucune disposition particulière n’a été prise de la journée du 18 août de cette année-là, jour de l’embuscade d’Uzbeen, au cours de laquelle 10 militaires français ont perdu la vie.

A l’époque, cette information avait été démentie par Rome. « Le gouvernement Berlusconi n’a jamais autorisé ni consenti aucune forme de paiement d’argent aux membres de l’insurrection talibane en Afghanistan, et n’a pas connaissance d’initiatives de ce type du gouvernement précédent » avait alors indiqué un communiqué de la présidence du Conseil italien.

Ministre français de la Défense au moment de ces révélations, Hervé Morin avait indiqué ne jamais avoir été mis au courant de telles pratiques. « Je n’ai aucune raison de mettre en cause la parole du gouvernement italien » avait-il déclaré. Et d’ajouter : « Payer des taliban pour avoir la paix, c’est contraire même aux principes de l’honneur qui fonde une armée ».

Quoi qu’il en soit, l’hebdomadaire italien Espresso a relancé cette affaire en citant des câbles diplomatiques américains diffusés par WikiLeaks au sujet de ces pratiques dénoncées par Hervé Morin.

Ainsi, au moins à 3 reprises, l’administration américaine a exprimé sa préoccupation concernant de pots-de-vins présumés versés aux taliban et à des chefs de guerre dans les zones italiennes. Cela aurait expliqué le nombre plus faible d’attaques contre les militaires transalpins par rapport à leurs homologues de la coalition.

Au sujet du déploiement de forces italiennes dans l’ouest de l’Afghanistan, l’ambassadeur américain à Rome, en octobre 2008, Ronald Spogli, a écrit dans un câble que « malheureusement, l’importance de cette contribution est mise en danger par la réputation négative croissante des Italiens, qui évitent les combats, paient des rançons et versent de l’argent pour obtenir des protections ».

« Cette réputation est basée en partie sur des rumeurs, en partie sur des informations des services secrets que nous ne sommes pas en mesure de vérifier complètement. (…)Vrai ou non, toujours est-il que les Italiens ont perdu douze soldats en Afghanistan, moins que d’autres alliés avec des responsabilités sembables », a-t-il continué. « J’ai présenté le problème à Berlusconi. Il m’a assuré n’en rien savoir et qu’il l’aurait empêché s’il en avait eu les preuves », a-t-il conclu.

Rien ne permet, donc, d’être affirmatif. Seulement, en 2009, après une offensive contre les insurgés menée par les parachutistes italiens, le nombre d’attaques subies par le contingent transalpin sera en hausse…

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