Libye : Le colonel Kadhafi appelle ses troupes à une contre-offensive

Aux prises avec une insurrection depuis février et cible d’une opération de l’Otan pour lui faire appliquer la résolution 1973 des Nations unies, le régime du colonel Kadhafi pourrait pratiquer la politique de la terre brûlée, selon l’émissaire russe pour la Libye, Mikhaïl Margelov.

« Le Premier ministre libyen m’a dit : ‘si les rebelles prennent la ville (ndlr, Tripoli), nous la couvrirons de missiles et la feront sauter' » a-t-il rapporté, dans un entretien publié par le quotidien Izvestia. « Kadhafi n’a pas utilisé un seul missile sol-sol, et il en a beaucoup. Cela incite à douter qu’il manque d’armes. Théoriquement, Tripoli peut manquer de munitions pour les tanks et les armes légères, mais le colonel a des missiles et des explosifs en quantité » a encore expliqué le diplomate.

Mais pour le moment, on n’en est pas encore là. Alors qu’ils s’apprêtaient à lancer une offensive sur al-Assabaa, une ville garnison acquise au régime du colonel Kadhafi, avant de s’attaquer à Ghayane, le verrou stratégique qui mène à Tripoli, les rebelles venus du djebel Nefoussa, dans l’ouest du pays, ont dû, le 13 juillet, repousser une violente contre-attaque des forces loyalistes sur le hameau de Goualich, qu’ils avaient conquis de haute lutte au début du mois.

Du coup, les troupes fidèles au colonel Kadhafi ont été contraintes de reculer jusqu’aux portes d’al-Assabaa, l’objectif des rebelles. Ces derniers s’attachent désormais à consolider leurs positions et à ne pas répéter l’erreur faite quelques heures plus tôt à Goualich, où seulement 50 hommes et 2 pick-up armés de mitrailleuses avaient été déployés pour assurer la défense de cette localité.

Dans l’est du pays, où la situation est figée depuis plusieurs semaines, les rebelles, qui disposent désormais d’un commandement militaire unifié, ont annoncé, le 14 juillet, préparer une offensive imminente sur la ville pétrolière de Brega, toujours sous le contrôle des forces loyalistes. Environ 2 à 3.000 hommes sont stationnés dans cette localité, à partir de laquelle il mènent des attaques de harcèlement vers Ajdabiya, le carrefour qui mène à Benghazi, le bastion de la rébellion, situé à 160 km plus au sud.

Aussi, dans le même temps, le colonel Kadhafi a appelé ses partisans à mener des contre-offensives sur l’ensemble du territoire. « L’heure de la bataille a sonné, préparez-vous pour marcher sur Benghazi, Misrata et sur les montagnes de l’ouest » a-t-il lancé dans un message relayé par haut-parleur à al-Ejelat (est de Tripoli). « Nous sommes là et nous resterons sur cette terre, je resterai aux côtés de mon peuple jusqu’à la dernière goutte de mon sang » a-t-il ajouté.

Quant à l’Otan, qui est à la tête de l’opération Unified Protector, son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, a une nouvelle fois demandé aux pays membres de fournir davantage d’avions de combat pour les missions en Libye.

« Nous ne pouvons pas protéger efficacement les civils en Libye si nous ne sommes pas prêts à bombarder au sol des unités militaires clés qui peuvent servir à attaquer des civils » a-t-il déclaré lors d’un déplacement aux Pays-Bas. « J’encourage nos alliés disposant d’avions à participer eux aussi à cette opération » a-t-il poursuivi. J’espère que le gouvernement néerlandais, comme tous les autres gouvernements, continuera d’étudier les ajustements de stratégie » a-t-il ajouté.

En attendant, l’aviation française continue d’effectuer le quart des sorties aériennes de l’Otan et assument un tiers des missions d’attaque au sol. Au cours de la semaine du 7 au 14 juillet, les frappes aériennes et navales réalisées par l’armée de l’Air, la Marine nationale et les hélicoptères de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) embarqués à bord du BPC Tonnerre ont permis de neutraliser 80 objectifs, dont une quarantaine de véhicules militaires (chars, blindés, etc…) dans les région de Brega, Misrata et Zlitan, ainsi qu’une vingtaine de pièces d’artillerie et au moins 20 infrastructures (postes de commandement, dépôts, etc…). Les frégates Georges Leygues et Chevalier Paul ont par ailleurs réalisé des frappes contre des objectifs côtiers.

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