La piraterie maritime se porte bien

S’il y a une activité qui ne connaît pas la crise, c’est bien la piraterie maritime. Selon le dernier rapport du Bureau Maritime International (BMI), elle a atteint, en 2010, un niveau jugé « alarmant », avec 445 attaques constatées dans le monde, soit une hausse de 10% par rapport à l’année précédente.

Au total, les pirates ont capturé 53 navires, fait prisonnier 1.188 marins (188 en 2006 et 1.050 en 2009) et tué 8 autres. La zone la plus dangeureuse reste encore les côtes somaliennes, lesquelles concentrent 92% des prises d’otages. A la fin de l’année 2010, 28 bateaux et 638 personnes étaient encore retenus.

« Ces chiffres sont les plus élevés jamais enregistrés » et « cette progression est alarmante », a commenté le capitaine Pottengal Mukundan, directeur du Centre de suivi de la piraterie au BMI.

Si la situation dans le golfe d’Aden tend à s’améliorer avec une baisse de 50% des attaques constatées, en raison de la présence des forces navales notamment déployées par l’Union européenne (Atalante) et l’Otan (Ocean Shield), les pirates somaliens se sont adaptés à la situation en modifiant leur mode opératoire en utilisant des navires capturés pour lancer leurs assauts et en étendant leur zone d’action dans l’océan Indien, allant même jusqu’au canal du Mozambique, comme l’a rappelé le BMI.

Récemment, si les pirates ont libéré le chimiquier Motivator et ses 18 hommes d’équipage, lesquels ont été pris en charge par l’aviso Enseigne de vaisseau Jacoubet, il n’en reste pas moins qu’ils ont accroché trois autres navires à leur tableau de chasse, avec la prise du vraquier chypriote Eagle et chimiquer maltais Samho Jeweler et l’attaque du cargo Leopard, appartenant à la compagnie danoise maritime Shipcraft, spécialisée dans les transports d’explosifs et de munitions.

Ce dernier cas est toutefois assez étrange, dans la mesure où, après l’abordage avec le bateau-mère Shiuf Fu n°1, les pirates ont seulement capturé l’équipage et non le navire, qui est, selon son armateur, « équipé de barbelés et de plaques d’acier protégeant ses fenêtres et portes afin de résister à un assaut (…) et de permettre à l’équipage de rejoindre une cabine sécurisée ». En outre, le Leopard venait de débarquer ses gardes armés au port de Salalah, à Oman.

Cela étant, le capitaine Mukundan partage l’estimation récemment faite par le contre-amiral Michiel Hijmans, le commandant de l’opération Ocean Shield et selon laquelle le problème de la piraterie dans cette région du monde ne pourra pas être réglé tant que la Somalie n’aura pas retrouvé une stabilité politique. « Toutes les mesures prises en mer sont sapées par l’absence d’un Etat responsable » à Mogadiscio, a-t-il ainsi affirmé.

Ailleurs dans le monde, le golfe de Guinée, et plus précisément près du port de Lagos, au Nigéria, au moins 13 navires ont été arraisonnés et quatre autres ont été la cible de tirs.

Au Bangladeh, les attaques de pirates ont augmenté pour la deuxième année consécutive et 21 bateaux ont été attaqués, principalement par des hommes armés de couteaux. Les assauts se sont concentrés principalement dans les environs du port de Chittagong, le premier du pays.

Enfin, la piraterie a repris de la vigueur en Indonésie, où son intensité a atteint ses plus hauts niveaux depuis 2007, avec 30 navires abordés, 1 autre détourné et 4 attaques déjouées. La mer de Chine méridionale a quant à elle été le théâtre de 31 incidents, soit le double par rapport à l’an passé.

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