Enquête de l’Otan sur la mort d’une otage britannique en Afghanistan

En septembre 2009, un commando britannique avait mené une opération héliportée afin de libérer Stephen Farell, un journaliste irlandais travaillant pour le New York Times, et Sultan Munadi, son interprète. Les deux hommes avaient été pris en otage par les taliban alors qu’ils effectuaient un reportage au sujet d’une frappe de l’Otan, qui, ordonnée par un officier allemand, avait fait des victimes civiles dans la région de Kunduz, dans le nord de l’Afghanistan.

Seulement, le raid n’a pas été une totale réussite. Si le reporter a pu être récupéré, son interprète ainsi qu’un soldat britannique avaient été tués lors d’un échange de tir nourri. Et il faudra attendre un an pour que le responsable de cet enlèvement, le chef taleb du district de Chahar Dara, soit arrêté par des militaires afghans et appartenant à la l’ISAF.

La libération d’otages par la force n’est donc pas une opération facile à réaliser. Et celle qui a été planifiée pour récupérer Linda Norgrove, une humanitaire écossaise de 36 ans enlevée le mois dernier dans l’est afghan par un groupe armé en est une nouvelle fois l’illustration.

Une fois localisé le lieu où elle était détenue, une opération a été décidée pour tenter de la libérer. Bien que britannique, ce sont les forces spéciales américaines qui ont été chargées de mener le raid. Seulement, la captive a perdu la vie au cours de l’assaut, qui a été lancé le 8 octobre au soir.

« Nous avons reçu des informations sur l’endroit où Linda était détenue et nous avons décidé que, étant donné le danger qu’elle courait, sa meilleure chance d’être libérée saine et sauve était que nous agissions sur la base de cette information. La responsabilité de cette conclusion tragique repose entièrement sur les preneurs d’otage » a expliqué, dans un premier temps, William Hague, le ministre des Affaires étrangères. La décision d’intervenir aurait été prise sur la foi d’informations selon lesquelles Linda Norgrove allait être assassinée ou emmenée au Pakistan, ce qui aurait annihilé toute chance de pouvoir la libérer ultérieurement.

« La décision de lancer une opération pour libérer des otages est toujous difficile à prendre. Mais quand une vie britannique est en danger, et quand nos alliés et nous-mêmes pouvons agir, je pense qu’il est juste d’essayer » a ajouté David Cameron, le Premier ministre du Royaume-Uni.

Selon les premiers éléments concernant l’assaut, les ravisseurs auraient lancé une grenade où la travailleuse humanitaire était séquestrée. Une autre version, donnée par une source au sein du gouvernement britannique a indiqué que la jeune écossaise avait été tuée par « une explosion, très certainement par une ceinture d’explosifs qu’un preneur d’otage portait ».

Quelques heures plus tard, de nouveaux éléments font penser que l’otage aurait été victime « d’une grenade activée par le commando (venu pour la libérer) pendant l’assaut » a déclaré David Cameron, ce 11 octobre. « Linda était détenue dans une région d’Afghanistan sous commandement militaire américain et c’est pour cela que l’opération a été conduite par les forces américaines » a-t-il encore expliqué. « Nous devons nous souvenir que Linda était détenue dans une zone éloignée, dans les montagnes (ndlr: la province de Kunar). C’était une opération très difficile » a-t-il insisté.

Pour savoir comment les choses se sont passées, le général David Petraeus, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), a ordonné une enquête « sur les circonstances menant à la mort de l’humanitaire britannique ». « Une analyse ultérieure des vidéos de surveillance et des discussions avec les membres de l’équipe de libération ne permettent pas de déterminer de manière concluante la cause de la mort » fait valoir l’ISAF. Les inverstigations seront menées par les forces américaines et des militaires britanniques seront « invités » à y participer.

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