Les mystérieux décès de responsables du renseignement russe

Le 16 août dernier, le corps en état de décomposition avancée du général Iouri Ivanov a été retrouvé sur une plage en Turquie. L’information n’a été rendue publique que quelques jours plus tard, par un simple article nécrologique publié par Red Star, le journal des forces armées russes.

Officiellement, cet officier de haut-rang est mort noyé lors d’une inspection de la base navale russe de Tartous, en Syrie. Car il se trouve que le général Ivanov était le directeur adjoint du renseignement miltaire, c’est à dire du GRU.

Inutile de chercher à en savoir plus sur les circonstances de son décès. Les autorités russes n’ont pas fait de commentaires, si ce n’est que l’officier s’est noyé en se baignant dans la Mediterranée. Reste que cette disparition est mystérieuse, en dehors du fait qu’il s’agit de celle d’un responsable important d’un service de renseignement qui l’un des plus puissants de Russie. Etant donné ses fonctions, il apparaît en effet bizarre qu’il n’ait pas été accompagné au cours de son déplacement en Syrie. A moins qu’il ait faussé compagnie aux hommes qui devaient assurer sa sécurité pour aller piquer une tête dans l’eau.

Au titre de ses fonctions, le général Ivanov supervisait les assassinats ciblés de leaders tchétchénes à l’étranger. En 2004, une opération de ce type, réalisée au Qatar, avait abouti àla capture de deux agents du GRU, lesquels avaient été ensuite extradés vers la Russie un an plus tard pour y purger la peine que leur avait infligé la justice qatarie. Inutile de préciser que, depuis, ils ont disparu de la circulation… Quoi qu’il en soit, cela n’avait pas entamé le crédit de l’officier auprès de Vladimir Poutine. Et il était sans doute même appelé à occuper des fonctions supérieures. Du moins, c’est ce que l’on pouvait penser.

Quoi qu’il en soit, les circonstances de sa mort alimentent les spéculations en tout genre. Coup du Mossad, étant donné qu’Israël voit d’un mauvais oeil l’installation de la marine russe à Tartous? Meurtre commis par la diaspora tchétchène? Que ce soit l’une ou l’autre de ces deux conjectures, cela n’explique pas le laconisme et la discrétion des autorités russes au sujet de la disparition du numéro deux du GRU.

D’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’un tel évènement se produit. En 1992, un autre responsable du renseignement russe, Iouri Gusev, avait trouvé la mort dans un accident de voiture, lequel était en fait un assassinat maquillé. Et comme l’a souligné le portail Svododnaya Pressa, « les espions de ce rang sont bien protégés. En règle générale, ils ne meurent pas par hasard ».

A première vue, le hasard n’est pas non plus impliqué dans la mort du général Viktor Tchevrizov, l’ancien chef du service de renseignement des forces intérieures russes. Cet officier se serait suicidé avec une arme reçue en cadeau pour ses états de service. Mis en retraite en 2002, il avait été commotionné quelques mois plus tôt lors d’une opération en Tchétchénie.

Seulement, la thèse du suicide est, là encore sujette à caution. En effet, selon ses proches, le général Tchevrizov ne présentait pas de signes de dépression et il n’aurait laissé aucun mot pour expliquer son geste. En attendant, le parquet de Moscou a ouvert une enquête pour établir les circonstances de ce décès.

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