Pour Robert Gates, l’armée américaine risque de se couper de la nation

La réforme de la carte militaire en France aura-t-elle une conséquence sur l’origine géographique des futurs engagés? Par exemple, est-ce que la forte concentration de régiments parachutistes dans le grand sud-ouest de la France implique qu’il y ait plus de recrues originaires d’Aquitaine, de Midi-Pyrénées ou du Languedoc-Roussillon dans ces unités? Est-ce qu’il y a plus de Bretons et de Varois dans la Marine nationale? A voir. Quoi qu’il en soit, aux Etats-Unis, il apparaît que l’armée américaine recrute beaucoup plus facilement dans les Etats où elle dispose de bases. Pour Robert Gates, cela peut poser, à terme, un problème.

En effet, au cours d’une conférence donnée le 29 septembre dernier devant les étudiants de l’Université de Duke, en Caroline du Nord, le secrétaire américain à la Défense a souligné que de plus en plus de militaires sont originaires de régions rurales et de petites villes situés dans le sud du pays ou dans les Rocheuses, c’est à dire dans les zones où sont les implantations de l’US Army, après les mesures économies qui ont amené à fermer celles qui se trouvaient dans le nord-est et sur la côte Pacifique des Etats-Unis.

« Les changements des dernières années ont déplacé une proportion notable des effectifs de l’US Army vers des bases réparties dans seulement cinq Etats : le Texas, Washington, la Géorgie, le Kentucky et la Caroline du Nord » a expliqué le chef du Pentagone. « Pour des motifs rationnels reposant sur l’environnement où le budget, de nombreux sites militaires du nord est et de la côte ouest ont fermé, faisant disparaître dans ces régions les relations avec l’armée et la compréhension de leur nature » a-t-il poursuivi.

D’où, selon lui, ce qui explique l’origine des recrues de l’US Army, étant donné que les jeunes sont plus disposés à s’engager quand ils connaissent quelqu’un qui sert – ou qui a servi – dans l’armée. Cette tendance affecte le recrutement des officiers. Ainsi, pour Robert Gates, « le risque est qu’à terme, l’ensemble des chefs militaires aient de moins en moins de points communs, politiqueletn culturellement et géographiquement avec les gens qu’ils ont fait serment de protéger ».

« Dans l’histoire de notre pays, jamais une guerre n’a été livrée avec une proportion aussi réduite de nos concitoyens sous les drapeaux à plein temps : environ 2,4 millions de militaires en service actif ou en réserve dans un pays de plus de 300 millions d’habitants, soit moins de 1% » a fait remarquer Robert Gates. D’où son constat que les opérations militaires des Etats-Unis sont, pour beaucoup d’Américains, désormais vues comme étant « une série de nouvelles distantes et désagréables qui ne les concernent pas directement ».

Sans doute que la présence de bases militaires dans une région est susceptible d’encourager les jeunes gens du coin à s’engager dans l’armée. Mais, il y a aussi d’autres facteurs. Comme la motivation économique (un passage dans l’armée peut être, pour certains, un moyen de promotion sociale) ou encore la vocation, étant donné que le métier des armes a ses particularités et ses contraintes propres qui, visiblement, rebutent les diplômés puisqu’ils bouderaient les centres de recrutement.

« Si les jeunes gens, les meilleurs et les plus brillants de l’Amérique ne franchissent pas le pas, sur qui pourrons-nous compter pour défendre la grandeur de notre pays au XXIe siècle » a demandé Robert Gates. Et comme il n’est pas question de rétablir la conscription, il reste donc à l’US Army de faire des efforts dans ses campagnes de communication.

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