La Russie pourra disposer de la base navale de Sebastopol pendant 25 ans de plus

En a-t-on fini avec la guerre du gaz, qui reprend sitôt les premières neiges hivernales venues? Depuis au moins 2005, ce qui correspond peu ou prou à l’arrivée à la tête de l’Ukraine de Viktor Iouchtchenko à l’issue de la « Révolution orange », Moscou utilise ses exportations de gaz, lesquelles transitent à 80% par le territoire ukrainien, pour contraindre Kiev à ses vues.

En fait, le Kremlin n’a jamais accepté qu’un président se disant libéral et voulant faire entrer son pays à la fois au sein de l’Union européenne et de l’Otan puisse diriger l’Ukraine, qui a été le berceau de l’Etat russe au Moyen-Âge, son grenier à blé et qui reste le dernier rempart contre l’Occident.

Aussi, la nouvelle donne politique à Kiev, sortie des urnes au début de cette année, a de quoi réjouir les dirigeants russes. En effet, le candidat pro-russe, Viktor Ianoukovitch, a remporté la dernière élection présidentielle aux dépens d’Ioulia Timochenko, l’ancien Premier ministre du président Iouchtchenko.

Et l’amélioration des relations entre Kiev et Moscou ne s’est pas fait attendre. En effet, lors d’une visite officielle du président russe Dmitri Medvedev à Kharkiv, en Ukraine – sa première depuis l’élection d’Ianoukovitch – les deux capitales ont trouvé un terrain d’entente sur le gaz et le maintien de la base navale russe de Sebastopol, sur la mer Noire.

Ainsi, selon les termes de l’accord signé le 21 avril, l’Ukraine pourra bénéficier de tarifs avantageux pour le gaz russe – ce qui avait aboli pour l’ancienne administration pro-occidentale – en échange du maintien pour au moins 25 ans de la présence militaire russe à Sebastopol.

Sans cet échange de bons procédés, la marine russe aurait dû abandonner ses installations au bord de la mer Noire en 2017. La durée de sa présence en Crimée avait été fixée en 1997, contre le versement d’une rente annuelle de 74 millions d’euros.

La base de Sebastopol est importante pour la Russie au niveau stratégique, car elle lui donne un point de sortie sur la mer Noire, et par extension, vers la Mediterranée (via le Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles), le port russe de Novorosiisk n’offrant pas les mêmes commodités. Son utilisation lors du conflit contre la Géorgie, en août 2008, en est une illustration. La flotte russe y abrite une trentaine de navires, lesquels devraient être rejoint dans cinq ans par trois sous-marins et deux nouvelles corvettes.

Cela étant, cet accord a été critiqué par l’opposition ukrainienne. Ainsi, pour Ioulia Timochenko, il s’agit d’un « abandon des intérêts nationaux ». Et il n’est pas certain qu’il soit bien accepté également par les chancelleries occidentales.

Aussi, pour prévenir les critiques, le nouveau président ukrainien a évoqué la tenue d’un référendum portant sur le maintien de la marine russe à Sebastopol. Et le ministère des Affaires étrangères a tenu à se montrer rassurant.

« Nous ne considérons pas que la flotte de la mer Noire (ndlr: russe) constitue une menace pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Sa présence ne doit pas provoquer chez nos partenaires occidentaux une inquiétude concernant l’indépendance de l’Ukrainne » a-t-il fait valoir.

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