La mort du chef des taliban pakistanais confirmée

Pour les services de renseignement, la mort d’Hakimullah Mehsud, le chef du Tehreek-e-Taliban Pakistan, était à « 90% » certaine. Visé par un missile tirée par un drone le 14 janvier dernier, il n’aurait pas suvécu à ses blessures. Sauf que les preuves manquaient pour confirmer ce décès, d’ailleurs jusqu’à présent démenti par les taliban pakistanais.

Difficile donc de démêler le vrai du faux, d’autant plus qu’ils n’avaient pas reconnu immédiatement la disparition de leur précédent commandant, Baïtullah Mehsud, tué également par une frappe américaine le 6 août dernier. Il s’agissait alors de préparer sa succession et d’éviter une lutte des clans qui aurait été sans doute fatal à leur organisation.

Finalement, c’est bel et bien ce scénario qui s’est répété. En effet, selon le quotidien Dawn, les taliban pakistanais de la zone tribale d’Orakzaï ont confirmé la mort de leur chef et annoncé dans la foulée le nom de son successeur, en la personne du Maulvi Noor Jamal.

Quant aux circonstances exactes du décès de Baïtullah Mehsud, elles demeurent floues. Selon les militants du TTP, il aurait succombé sur la route de Multan à Karachi, des suites d’une blessure reçue au cou. Cependant, cette information n’a, pour l’instant, fait l’objet d’aucun commentaire officiel de la part d’Alam Tariq, le porte-parole du mouvement.

Pour ce qui concerne le maulvi Noor Jamal, l’on sait qu’il est originaire d’Orakzaï et qu’il dirige les taliban de la zone de Kurram. Selon les témoignages recueillis à son sujet, il est tout aussi brutal que Baïtaullah Mehsud, avec qui il était très proche. « Il tue les humains comme des poulets » a rapporté le journal Dawn. Des images du nouveau chef TTP ont été diffusées par certains médias : on le voit fouetter deux hommes un adolescent.

Dès son arrivée à la tête du mouvement taleb pakistanais, Baïtullah Mehsud avait intensifié les attaques terroristes. Mais changement de chef ou pas, la vague du terrorisme n’est pas prête, visiblement, de s’arrêter. Ainsi, le 5 février dernier, un double attentat, commis à Karachi, a fait au moins 25 tués parmi la communauté chiite. Cette minorité, qui représente 20% de la population du pays, avait déjà été victime d’une attaque suicide le 28 décembre (plus de 40 morts). Ces deux actes terroristes pourraient indiquer un changement de tactique du TTP, qui jusque là s’en prenait surtout aux forces de sécurité et aux symboles du pouvoir pakistanais.

Cela étant, la lutte contre le TTP relève du mythe de Sisyphe. Selon l’armée, un de ses bastions de la zone stratégique de Damadola, dans la région tribale de Bajaur, serait tombé après une douzaine de jours de combat. Seulement voilà, la région avait déjà été le théâtre d’une offensive d’envergure en 2008 et le secteur avait été déclaré « nettoyé » après plusieurs mois d’affrontements. Jusqu’à ce qu’un nouvel attentat commis dans la région ait forcé les forces de sécurité pakistanaises à lancer une seconde opération, appuyée par des moyens aériens et des miliciens loyalistes. Aussi, la mort de Baïtullah Mehsud, si elle peut être revendiquée comme une victoire sur les islamistes, ne risque pas de changer grand chose.

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