Les frappes ciblées au Pakistan vont continuer

« Les amis de mes amis sont mes amis » dit l’adage… Si ce dernier ne manque pas de bon sens, il ne s’applique pas forcément au Pakistan. Ce pays est en effet soumis à une pression intérieure dûe aux mouvements islamistes qui cherchent à étendre leur influence et qui mènent parfois des attaques à l’étranger, comme encore récemment en Inde, avec la complicité supposée du puissant ISI (Inter-Services Intelligence, le service de renseignement pakistanais) tout en étant également l’allié des Etats-Unis dans ce que l’on appelle la guerre contre le terrorisme.

Avant les attentats de septembre 2001, la situation était nettement moins compliquée. Pour s’assurer une profondeur stratégique face à l’Inde et aussi pour bénéficier d’une stabilité afin de permettre la construction d’un pipeline amenant le pétrole d’Asie centrale vers le port de Gwadar, situé au Balouchistan, les autorités pakistanaises avaient favorisé la prise du pouvoir à Kaboul par les taliban afghans, avec la relative indifférence de l’administration Clinton.

L’intervention américaine en Afghanistan, en octobre 2001, a changé la donne en mettant fin au régime taleb, qui avait offert l’hospitalité à Ben Laden et à son réseau terroriste, plaçant ainsi Islamabad en porte-à-faux. Que le général Musharraf ait quitté la présidence de son pays, l’an passé, pour être remplacé par Asif Ali Zardari, ne change pas grand chose à l’affaire. Le gouvernement pakistanais marche sur des oeufs en donnant à la fois des gages à Washington – malgré une opinion publique très anti-américaine – et aux islamistes, dont bon nombre se sont réfugiés dans les zones tribales autonomes frontalières avec l’Afghanistan.

Ainsi, Islamabad a autorisé que la charia – la loi islamique – soit imposée dans la vallée de la Swat, tenue par les taliban locaux, en échange de l’arrêt des combats dans la région tout en laissant des drones américains Predator décoller d’une base pakistanaise pour mener des frappes ciblées contre les combattants d’al-Qaïda et les insurgés afghans repliés dans le pays.

Ces raids américains ont tué près de 80 personnes le mois dernier. Bien évidemment, ils ne sont pas vus d’un très bon oeil par l’opinion publique pakistanaise, ce qui est d’ailleurs susceptible de destabiliser davantage un gouvernement qui paraît bien fragile et on l’on comprend bien pourquoi Islamabad ne tient pas à faire trop de publicité autour des facilités accordées à Washington pour ce genre d’opérations spéciales.

Quoi qu’il en soit, ces frappes ciblées menées à partir du territoire pakistanais vont continuer. « Je peux dire que rien n’a changé dans nos efforts contre les terroristes et rien ne les changera. Nous continuons à un niveau d’action qui est à la hauteur des défis auxquels nous sommes confrontés » a ainsi déclaré à ce sujet, le 26 février, le nouveau directeur de la CIA, Leon Panetta, au cours d’une conférence de presse.

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