Obama fixe le calendrier du retrait des troupes américaines d’Irak

« Nous pouvons sans danger redéployer nos unités de combat à un rythme qui leur permettra de se retirer en seize mois » écrivait dans le New York Times celui qui n’était alors que le candidat démocrate à la Maison Blanche au sujet de la stratégie américaine en Irak, en juillet 2008.

Finalement, le président Obama a annoncé, le 27 février, lors d’un discours prononcé à la base des Marines de Camp Lejeune (Caroline du Nord), que le retrait des troupes combattantes s’étalerait sur 18 mois. « Notre mission de combat en Irak prendra fin d’ici au 31 août 2010 » a-t-il ainsi déclaré.

Présentées comme étant l’aboutissement de longues consultations, cette décision va toutefois à l’encontre des souhaits du chef du Centcom, le général Petraeus, et du commandant des forces américaines en Irak, le général Odierno. Les deux responsables militaires avaient en effet préconisé un retrait en 23 mois pour au moins deux raisons majeures.

La première tient au fait que le délai fixé par le président Obama, même s’il a été rallongé de deux mois par rapport à sa promesse de campagne, pose un immence défi logistique à l’armée américaine. Il s’agit en effet de rapatrier l’essentiel de tout le matériel que cette dernière a accumulé en Irak depuis mars 2003, soit près de 40.000 véhicules et avions et l’équivalent de 80.000 containers. Par ailleurs, les installations américaines dans le pays étant au nombre de 286, il faudra, selon les estimations, entre un et deux mois, au minimum, pour démanteler chacune d’entre elles.

L’autre raison concerne la situation sécuritaire de l’Irak, qui reste encore fragile même si elle s’est grandement améliorée au cours de ces derniers mois, grâce au Surge (qui a consisté, entre autre, à l’envoi massif de renforts) décidé par l’administration Bush en janvier 2007. L’an passé, les attentats et les attaques ont tué 6.772 Irakiens, un nombre qui, s’il est toujours trop élevé, est près de trois fois moindre que celui enregistré l’année précédente, avec 17.340 victimes. Enfin, les récentes élections provinciales, qui ont vu la victoire des partis laïcs proches de l’actuel premier ministre iraken, Nouri al-Maliki, se sont déroulées sans heurts.

Cependant, les militants proches d’al-Qaïda n’ont pas tous été désarmés et des combats opposant des groupes islamistes aux forces américaines et irakiennes ont lieu presque quotidiennement. Et rien ne dit que ces organisations radicales resteront tranquilles à l’occasion des éléctions générales qui auront lieu à la fin 2009. Autre sujet de tension, le pétrole qui pourrait être une chance pour l’Irak si les recettes qu’il génére sont bien employées mais aussi un facteur d’instabilité.

En effet, la question du partage des ressources de l’or noir n’est pas encore réglée; même si une loi en fixant les modalités est en attente d’être adoptée par les 18 provinces que compte le pays. Les rapports entre le gouvernement de Bagdad et le pouvoir autonome kurde ne sont en outre pas les meilleurs, le second revendiquant une autorité sur la ville pétrolière de Kirkouk au nord de l’Irak. Et la baisse des cours du pétrole, qui va mécaniquement diminuer les recettes, n’arrangera pas la situation.

Tout cela explique pourquoi le retrait américain ne concerne, pour le moment, que les « forces combattantes ». Le président Obama a précisé; lors de son intervention, qu’entre 35.000 et 50.000 soldats – sur les 142.000 actuellement déployés – resteraient en Irak pour assister les forces irakiennes et mener des opérations ponctuelles de contre-terrorisme jusqu’à la fin 2011, qui est le terme qui avait été fixé lors des négociations portant sur l’accord de sécurité conclu en novembre 2008 entre le gouvernement irakien et la précédente administration américaine.

Enfin, rien n’est inscrit dans le marbre puisque le locataire de la Maison Blanche n’a pas exclu un éventuel réexamen de ce plan de retrait au cas où la sécurité viendrait à se dégrader en Irak .

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