Bruits de bottes à la frontière colombienne

Suite à l’élimination en territoire équatorien de Raul Reyes, le numéro 2 des Forces armées révolutionnaires colombiennes, le président venezuelien Hugo Chavez a ordonné, dimanche 2 mars, à dix bataillons de blindés de se déployer vers la frontière colombienne et à l’armée de l’air de se mettre en alerte.

« Nous ne voulons pas la guerre », a néanmoins précisé Hugo Chavez lors de son émission télévisée hebdomadaire où il a commenté sa décision. Mais il a averti que toute intrusion des forces de sécurité colombiennes au Venezuela serait un « motif de guerre ».

Le gouvernement colombien se défend d’avoir porté atteinte à la souveraineté de l’Equateur lors de l’opération de samedi qui a abouti à la mort du responsable des Farc. Pour Bogota, il s’agissait d’une riposte à des tirs transfontaliers. Cette version est contredite par l’Equateur et le Venezuela, deux pays dont les dirigeants sont proches idéologiquement et qui ne cachent pas leur hostilité aux Etats-Unis et à leur allié, la Colombie.

Chavez a eu des mots dur à l’égard du président colombien, Alvaro Uribe. « C’est un criminel. Non seulement c’est un menteur, un parrain de la mafia, un paramilitairequi dirige un narco-gouvernement et qui dirige un gouvernement laquais des Etats-Unis (…), mais il dirige, depuis son palais, une bande de criminels », a déclaré le président venezuelien au sujet de son homologue colombien.

Les Farc ayant une proximité idéologique avec Chavez, ce dernier est allé même jusqu’à qualifier l’opération colombienne contre Reyes de « lâche assassinat ».

Sans parler encore de rupture diplomatique, l’Equateur a rappelé son ambassadeur de Bogota pour protester contre l’action des forces armées colombiennes. Le Venezuela en a fait de même et a prévenu que Quito pouvait compter sur son soutien « dans n’importe quelle situation ».

Les forces colombiennes ont porté de rudes coups aux Farc ces dernières années, grâce à l’entraînement et au soutien reçus de la part de l’armée américaine. Selon un article d’Associated Press du 27 février dernier, les guérilleros marxistes trouveraient refuge au Venezuela, pays où ils se livreraient, d’après les déclarations d’un de leurs anciens chefs ayant déserté leurs rangs, à du trafic de drogue pour financer leurs opérations. L’ambassadeur des Etats-Unis à Bogota, William Brownfield, a même déclaré à l’agence de presse que « si des stupéfiants franchissent la frontière, alors il est logique que des munitions, des armes, etc. la franchissent aussi. »

Pour l’heure, la Colombie n’a pas réagi au mouvement de troupes venezueliennes à sa frontière, le président Uribe ayant préféré se montrer prudent dans cette affaire.

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