La France et Singapour créent un laboratoire dédié à l’intelligence artificielle de défense

La France et Singapour ont noué une coopération militaire de « qualité » depuis déjà longtemps. Celle-ci se traduit par un dialogue stratégique annuel et des comités d’état-major régulieurs ainsi que par des exercices communs. En outre, depuis 1998, le No 150 Squadron de la Force aérienne singapourienne, dédié à la formation des pilotes de chasse, a pris ses quartiers sur la base aérienne de Cazaux. Enfin, plus récemment, les deux États ont signé un accord accord mutuel de soutien logistique [MLSA].

Mais cette coopération va aller encore plus loin en s’intéressant à l’innovation de défense. En effet, le 19 avril, le Délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva, et son homologue singapourien, Chan Heng Kee, ont signé un arrangement technnique visant à créer un laboratoire spécialisé dans le domaine de l’intelligence artificielle de défense.

« La création de ce laboratoire commun marque une étape importante dans la coopération R&D avec le ministère de la Défense de Singapour […]. Je suis heureux de voir la réalisation de ce projet inédit avec Singapour, un partenaire de longue date », s’est félicité M. Chiva.

« Les technologies numériques et à double usage comme l’IA évoluent rapidement aujourd’hui. […] Nous approfondissons notre partenariat avec la France. En réunissant des chercheurs de premier plan à Singapour et en France, nous pouvons accélérer nos recherches pour relever des défis de sécurité communs », a fait valoir M. Chan Heng Kee.

Cette structure sera ainsi chargée de « conduire des projets de recherche communs aux deux pays et systématiquement réalisés en équipe mixte franco-singapourienne », précise l’Agence de l’Innovation de Défense [AID].

L’idée de nouer un tel partenariat peut sembler surprenante… Elle l’est peut-être moins quand on sait que, en 2019, Singapour est arrivé en tête du classement TIMMS, lequel mesure les performances de l’enseignement en mathématiques et en sciences pour les élèves du primaire… Alors que la France a dégringolé dans le bas du tableau.

Par ailleurs, souligne l’AID, « Singapour […] a lancé de nombreuses initiatives et programmes nationaux en intelligence artificielle, fédérant les efforts des universités, des centres de recherche, et des start-up du pays ». Aussi, poursuit-elle, « ce sont des intérêts scientifiques, et, à terme, économiques, qui motivent la mise en place de cette alliance ».

Quoi qu’il en soit, ce nouveau laboratoire sera basé à Singapour et s’appuiera sur l’expertise des laboratoires Temasek de l’Université nationale de Singapour [TL@NUS] et de celle du Centre national de la recherche scientifique [CNRS], déjà bien implanté sur place puisqu’il y dispose d’une filiale, ainsi que sur quatre autres « laboratoires conjoints avec des universités singapouriennes, dont l’IPAL spécialisé en intelligence artificielle », avance l’agence du ministère des Armées.

Celle-ci précise que les domaines de recherche concerneront le renseignement, les systèmes de commandement, l’aide à la décision, l’autonomoe, la supériorité opérationnelle au combat et le soutien à la recherche et au développement. Il est aussi question de « vision par ordinateur », d’intelligence artificielle géospatiale et de traitement automatique du langage. « La coopération donnera lieu à des études et le cas échéant à des maquettes ou démonstrateurs », conclut l’AID.

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