Otan : La Suède convoque l’ambassadeur de Russie après de nouvelles menaces de « représailles militaires »

Certains ambassadeurs russes ne sont pas toujours très diplomates. C’est par exemple le cas de Viktor Tatarintsev, en poste à Stockholm depuis 2014. Ainsi, le 28 mars, il a menacé la Suède et la Finlande de « représailles », y compris militaires, en les qualifiant de « cibles légitimes » une fois que leur adhésion à l’Otan sera effective.

« La Suède fait un pas dans l’abîme », a d’abord écrit M. Tatarintsev, dans une longue diatribe contre la politique étrangère suédoise diffusée via la page Facebook de son ambassade. « Pour eux qui ont observé la situation sécuritaire en Europe depuis 30 ans, c’est évident : se déclarant comme une alliance défensive, l’Otan n’a cessé de s’étendre à l’Est pour se rapprocher des frontières russes », a-t-il poursuivi, reprenant ainsi un argument régulièrement avancé par le Kremlin.

« Après l’adhésion de la Finlande et de la Suède, la longueur totale des frontières entre la Russie et l’Otan va presque doubler. Si quelqu’un pense encore que cela améliorera d’une manière ou d’une autre la sécurité de l’Europe, soyez assurés que les nouveaux membres du bloc hostile deviendront une cible légitime pour les mesures de représailles russes, y compris celles de nature militaire », a ensuite prévenu M. Tatarintsev.

Cela étant, ces derniers mois, et après avoir indiqué qu’elle en tirerait les « conséquences politico-militaires », la Russie a mis en sourdine ses critiques contre la volonté de la Finlande et de la Suède de rejoindre l’Otan. Étant donné que l’adhésion d’un nouveau pays nécessite l’accord de l’ensemble des membres de l’Alliance, sans doute a-t-elle misé sur l’opposition d’Ankara [voire de Budapest] pour empêcher Helsinki et Stockholm de mener à bien leur projet.

Pour le moment, seule la Finlande est en bonne voie de rejoindre l’Otan… car rien n’est encore réglé pour la Suède, dont les relations avec la Turquie et la Hongrie sont tendues.

Du point de vue Moscou, l’adhésion de la Suède à l’Otan est difficilement acceptable, notamment en raison de l’île suédoise de Götland, dont le contrôle permettrait éventuellement de verrouiller la mer Baltique et… de tenir le rôle de « porte-avions » naturel en cas d’invasion des pays baltes.

Quoi qu’il en soit, Stockhom n’entend pas laisser passer les propos de l’ambassadeur russe. Et celui-ci a été convoqué par le ministère suédois des Affaires étrangères pour s’en expliquer. M. Tatarintsev connaît bien le chemin… puisque ce n’est pas la première fois qu’il reçoit une telle convocation.

À peine un an après son arrivée à Stockholm, le diplomate avait en effet été convoqué par la diplomatie suédoise pour des propos tenus cette fois par Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, à un moment où la Suède s’interrogeait sur une éventuelle canditature à l’Otan [une perspective qui était alors rejetée par l’opinion publique suédoise].

« L’adhésion de la Suède à l’Otan aurait des conséquences en termes militaro-politiques et de politique étrangère, et demanderait nécessairement des mesures de représailles de la part de la Russie », avait en effet déclaré Mme Zakharova, en septembre 2015.

Depuis, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a changé la donne… Et donc convaincu la Suède et la Finlande à renoncer à leur neutralité pour officialiser leur candidature à l’Otan. « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes » [*], fait-on dire à Bossuet.

[*] La citation exacte est : « Mais Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer »

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