Des aviateurs ukrainiens sont en France pour suivre des stages de survie en cas d’éjection

Lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a réaffirmé que la livraison de Mirage 2000C à l’Ukraine n’était pas un « tabou politique » [« pourquoi exclure une arme plus qu’une autre car c’est ce qu’ont fait de l’avion qui est défensif ou offensif », a-t-il dit]… mais que ce n’était pas la priorité du moment, les forces ukrainiennes ayant surtout besoin de capacités en matière de défense sol-air et de munitions, notamment d’obus de 155 mm.

En outre, a aussi souligné M. Lecornu, la question des Mirage 2000C porte un enjeu de « faisabilité technique et opérationnelle » étant donné qu’il faudrait « plusieurs mois de formation », tant pour les pilotes que les mécaniciens, pour que la force aérienne ukrainienne puisse les mettre en oeuvre. Et c’est sans compter sur le maintien en condition opérationnelle [MCO], « redoutablement complexe », et la nécessité de disposer des infrastructures adéquates.

Cependant, dans son édition du 23 mars, le quotidien Le Figaro affirme que, depuis un mois et demi, des aviateurs ukrainiens – une trentaine – suivent une formation « accélérée » à Mont-de-Marsan [?]et à Nancy afin d’apprendre à piloter des Mirage 2000. « La France veut se garder toutes latitudes. Si un jour la décision politique est prise, il faudra que les pilotes soient formés », a confié une source « proche du dossier ».

Depuis l’été dernier, la base aérienne [BA] 133 de Nancy-Ochey abrite des Mirage 2000B [biplace], mis en oeuvre par l’Escadron de chasse 2/3 Champagne pour la formation des pilotes de Mirage 2000D et de Mirage 2000-5. Aussi, la présence de pilote ukrainien en Lorraine ne serait donc pas surprenante… Du moins si ce qu’avance Le Figaro est exact. En revanche, on voit mal ce que la BA 118 de Mont-de-Marsan vient faire dans cette affaire, même si, par le passé, elle a accueilli des pilotes étrangers venus en France pour prendre en main le Rafale.

Quoi qu’il en soit, ce 23 mars, le ministère des Armées a confirmé la présence d’aviateurs ukrainiens en France… mais pas leur formation sur Mirage 2000.

« Nous formons des équipages ukrainiens en France notamment à la défense sol-air et à la survie au cas où leur appareil serait abattu », a en effet précisé le général Yann Gravêthe, directeur par intérim de la Délégation à l’information et à la communication de la Défense [DICoD], lors du point presse hebdomadaire du ministère des Armées. « Nous ne formons pas de pilotes ukrainiens, ni au pilotage, ni à l’usage de système d’armes », a-t-il insisté.

Pour rappel, la France a livré à l’Ukraine deux systèmes de défense aérienne à courte portée Crotale NG, prélevés dans l’inventaire de l’armée de l’Air & de l’Espace. Et elle s’apprête à fournir un système Sol-Air Moyenne Portée Terrestre [SAMP/T ou Mamba] dans le cadre d’une coopération avec l’Italie, où, par ailleurs, des opérateurs ukrainiens suivent actuellement une formation. Enfin, les forces ukrainiennes ont aussi reçu des missiles anti-aériens MISTRAL.

Quant au stage de survie évoqué par le général Gravêthe, il relève du « Centre de formation à la survie et au sauvetage » [CFSS], établi sur la BA 120 de Cazaux. Après une partie théorique, celui-ci se termine avec une phase « pratique » de quarante-huit heures.

« Après une seconde nuit passée sur le terrain, [les stagiaires] seront récupérés par un groupe de récupération au sol afin d’être exfiltrés, par voie aérienne ou par voie terrestre. Le scénario va alors prendre une nouvelle tournure, [ils] seront capturés. Aux mains de l’ennemi, ils devront faire face à une période d’interrogatoire. Cette phase [leur] permet de se préparer à la charge psychologique qu’ils pourraient endurer en cas de capture au combat », détaille l’armée de l’Air & de l’Espace au sujet de stage.

Photo : mission de recherche et sauvetage au combat lors de l’exercice Orion – Cédric Guerdin / armée de l’Air & de l’Espace

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